Marshal Bass (tome 1)

De Macan, Kordey et Desko, Éditions Delcourt, 54 pages.

7

S’il est un genre en bande dessinée qui souffre toujours d’un complexe d’infériorité par rapport au cinéma, c’est bien le western. La riche et prolifique production cinématographique des Trente Glorieuses a influencé une kyrielle de titres BD qui ont suivi l’évolution du genre, allant du cow-boy propret des années 50 au bouseux hirsute et puant des seventies. Marshal Bass n’échappe pas à la règle. Se plaçant sous le haut patronage de Mr Tarantino, les auteurs imaginent l’histoire du premier maréchal afro-américain dont la mission consiste à infiltrer une bande d’esclaves affranchis qui sèment la terreur dans la région. Du cinéaste, le scénariste a retenu ses longs monologues érudits faits de périphrases presque déplacées dans le contexte. On notera entre autres ceux du shérif qui engage Bass, à qui ce dernier doit régulièrement rendre des comptes, et qui passe son temps à justifier auprès de ses adjoints le recrutement d’un nègre. Il y a ensuite la violence magnifiée à l’écran par un 70mm anachronique et sur papier par le dessin halluciné de Kordey et les couleurs façon « Corben » de Desko. La double page de l’attaque d’une petite ville par les outlaws est particulièrement réussie. Si le 9e art suivra toujours le 7e, pourvu qu’il soit aussi réjouissant que ce Marshal Bass dont on ne devrait pas attendre la suite des aventures bien longtemps.

C.B.

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