Marseille (saison 2)

 » Vous trouvez pas ça bizarre, qu’on se touche le zob en parlant de Picasso? »  » Et toi, tu suces toujours entre deux dossiers? Il t’en reste un peu là. »  » À part ma queue, qu’est-ce que tu veux? » De ces répliques gracieuses animées par l’esprit toujours vivace de la grande poésie (voir le Tumblr moqueur http://marseillelaserie.tumblr.com), la première saison de la série cornaquée par Dan Franck (prix Renaudot en 1991 pour La Séparation) en était pleine jusqu’à la gueule, qu’elle avait plutôt grande d’ailleurs. Premier programme français produit par Netflix, Marseille donnait dans la politique fiction gonflée à la testostérone et à la vulgarité crasse, carburant plein pot sur l’autoroute du soap nineties animée par une triplette d’obsessions: le pouvoir, le sexe et l’argent. Du surjeu de Benoît Magimel (« avé » ou sans l’accent, selon l’humeur du jour), du violoncelle complice de Géraldine Pailhas ou de la mise en scène gauloisement outrée de Florent Emilio-Siri ( Nid de guêpes, Cloclo), difficile à vrai dire de pointer avec certitude ce qui rapprochait le plus la chose de l’accident industriel le plus total. On aurait dit de la grosse parodie qui tache, ce n’en était pourtant pas. Un plantage à ce point énorme qu’il en devenait carrément fascinant. Légère déception: cette deuxième saison corrige passablement le tir. Mais, souvent ridiculement solennelle, comporte tout de même son lot d’improbables formules. Genre:  » Dis donc, tu t’y connais en pizzas… » Ou bien Depardieu, à propos d’un doudou:  » J’aimerais bien le retrouver aujourd’hui, Speedo. » Comédiens à la ramasse, coups de théâtre fumeux et métaphores footballistiques lourdingues… On adore détester.

Une série Netflix créée par Dan Franck. Avec Gérard Depardieu, Benoît Magimel, Natacha Régnier. Disponible sur Netflix.

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