Maître Grems

Franc-tireur essentiel de la scène rap française, à qui la nouvelle génération doit beaucoup, Grems balance ce qui ressemble fort à son album le plus abouti.

Le documentaire est visible sur YouTube. Bouclé en 2014, Un jour, peut-être raconte « une autre histoire du rap français ». Celle d’une scène alternative qui, au début des années 2000, a reniflé l’odeur du succès grand public sans jamais avoir pu vraiment y goûter… La génération actuelle aura un peu plus de chance. À la fin du docu apparaît d’ailleurs Orelsan. Il y est présenté comme l’héritier de ce mouvement (ou son vulgarisateur opportuniste, selon les plus amers). Aujourd’hui, dix ans après les faits, l’intéressé caracole au sommet des hit-parades. Mieux: derrière lui, une série d’autres artistes prouvent que le jeu s’est nettement élargi. À l’instar de Roméo Elvis, par exemple. Sur son dernier single, Nappeux, le Bruxellois invitait à ses côté Grems, dont il a toujours reconnu l’influence.

S’il y en a un, en effet, à qui le terme d’alternatif ou d’indépendant convient, c’est bien lui. Grems, Michaël Eveno, de son vrai nom, bientôt 40 ans, présent sur la scène rap depuis au moins la moitié. Il fait évidemment partie du générique d’ Un jour, peut-être. S’il y est présenté comme l’un des piliers de cette « autre histoire » rap, il a cependant toujours pris soin de raconter la sienne. C’est sans doute pour cela qu’il est toujours là. Un électron libre rarement placé en pleine lumière, mais toujours actif dans les marges. Que ce soit au sein de projets comme Hustla ou la Fronce, ou via son travail de production pour des rappeurs comme Disiz la Peste.

Maître Grems

Graphiste de formation, Grems n’avait plus sorti d’album depuis Vampire en 2013. À l’époque, il avait même fait comprendre que ce serait son dernier exercice du genre, préférant les EP’s ou les exercices plus collectifs. Le voilà pourtant qui ressort un long format en solo. Interviewé par l’Abcdrduson, il explique notamment que c’est un épisode très précis de sa vie privée -pendant de longues années, il a dû batailler pour récupérer la garde de sa fille-, qui l’a poussé à se réinvestir dans un projet qui gratte un peu plus loin et profond.

De fait, derrière son titre anonyme, Sans titre #7 est un disque dense, chargé, touffu. Moins « l’album de la maturité » (on parle de Grems quand même) qu’un disque résumé d’un rappeur multi-terrain. Flow dégagé de celui qu’il ne faut pas trop chatouiller, Grems a toujours eu la bougeotte. Littéralement (il est passé par Londres, Bali, Biarritz, ou Bruxelles, où il a collaboré notamment avec Noza). Mais aussi musicalement (fan de musiques électroniques, il a inventé le terme de « deepkho », pour désigner son mélange de rap et deep house). Il confirme en passant d’une fulgurance électro jazzy ( Fantomas) à une saillie techno-house embrumée ( Chichago), en taillant aussi bien dans l’expérimental ( Catman & Robin) que le quasi-r’n’b ( Balaras les flows). Disparate, certes, le résultat n’en reste pas moins étourdissant, à la fois classe et goguenard. « Toujours dans le sous-sol/Je sais où je suis, je n’ai pas besoin d’boussole », explique Grems sur Balaras les flows. Suivez le guide!

Grems

« Sans titre #7 »

Distribué par Grems Industry.

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