Maison rénovée

Geoffroy
Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Compilation dance emblématique des années 90, Moving House est relancée par son concepteur, DJ Geoffroy. Autre époque, même esprit!

Divers

« Moving House 2017 »

Distribué par Subfield/ !K7.

7

Il y a des compilations qui marquent plus que d’autres. Longtemps peu considéré, vu désormais comme un must de la curation artistique, l’exercice a engendré en effet quelques séries cultes. Moving House, par exemple. Jusqu’ici, le dernier épisode remontait à 1999. À l’époque, le Bruxellois Geoffroy mixait sa science de la house music depuis son club fétiche, le Food. Dix-huit ans plus tard, le même Geoffroy, connu aussi sous le pseudo Mugwump, et pour ses soirées Leftorium, relance la franchise. Avec une musique un peu différente, mais une même approche. « Aujourd’hui, la deep house est devenue très conventionnelle. Je voulais quelque chose de plus barré. Qui soit ancré dans l’Histoire de cette musique, mais qui ne se contente pas de rabâcher les clichés. »

Rappel des faits. Dans le courant des années 90, Geoffroy bosse dans le magasin de disques US Import. « Un de mes meilleurs clients était DJ Morpheus. On s’échangeait beaucoup d’infos musicales. Il était notamment responsable des compilations Freezone (orientées ambient music, NDLR), qui sortaient sur SSR, le label dance de Crammed. Un jour, on a eu l’idée d’une série autour de la house music, qui à ce moment-là vivait un vrai renouveau, grâce au coup de frais venu d’Angleterre.« Le premier volet sort en 1996. Il va directement connaître son petit succès. Trois autres numéros suivront. Et puis plus rien. Jusqu’à ce que le directeur artistique du label indé !K7, qui héberge la fameuse série DJ-Kicks, ainsi que le label actuel de Geoffroy, Subfield, relance l’intéressé. Geoffroy demande tout de même l’autorisation à Marc Hollander, patron du label Crammed -« il a tout de suite dit ok, fonce« .

En même temps qu’il planche sur le deuxième album de Mugwump (prévu pour la fin de l’année), Geoffroy fait donc chauffer son carnet d’adresses. Une seule consigne: tous les tracks de la compilation devront être inédits. Au mois de janvier dernier, Andrew Weatherall est par exemple programmé à la soirée Leftorium. « Il m’a directement proposé un morceau, qu’il a joué le soir même. » De la même manière, l’Allemand Roman Flügel envoie deux titres. « En dix minutes, c’était signé. » Contrairement à la première génération de Moving House, le générique n’est ici pas uniquement anglais ou américain. Plusieurs noms belges sont même de la revue, comme le duo Front de Cadeaux ou DC Salas, présent ici notamment via un edit du De man die alles noteert de Arbeid Adelt, pionniers flamands de l’électronique. Glissé en milieu de tracklisting, le morceau sorti à l’origine en 1983 sonne presque comme un hommage à Eric Beysens, célèbre DJ de l’époque, décédé l’an dernier. « Ce n’est pas volontaire, dans le sens où le titre était déjà prêt. Mais c’est certain qu’on y a pensé. » Par ailleurs, on notera que le titre eighties a dû attendre le reboot de Moving House pour être intégré à la série. « On peut davantage se le permettre aujourd’hui. Ça aurait été plus compliqué dans les années 90, où l’esprit était différent, et la house prise très au sérieux. Aujourd’hui, il y a plus de second degré. »

Laurent Hoebrechts

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content