Ma Zad

Pour les Zadistes, les choses vont vite, que l’on soit à Notre-Dame-des-Landes, ou comme ici, sur le site de Zavenghem, où ils sont une poignée à empêcher l’expropriation de trois agriculteurs et la construction d’une plateforme multimodale. Le lundi, ils gagnent un de leurs recours devant la justice; le jeudi ils se font évacuer et tabasser – » Trois heures de pandémonium. Impuissance. Fumées de lacrymos. Tirs de grenades soufflantes. Odeur de défaite. Violence imprévue et incompréhensible. Hurlements. Douleur. » Mais ce n’est rien par rapport au vendredi, jour où Camille, activiste presque par hasard, perd à la fois son job au rayon produits frais de l’hyper du coin, et sa propre ferme bourrée de palettes ( » C’est fou tout ce qu’on peut faire avec ce matériau »), incendiée par des crânes rasés. Largement de quoi donner envie de se radicaliser plus encore, de rejoindre définitivement  » les végétariens, les branleurs, les terroristes, les communistes qui foutent le souk sur place ». Et de faire suer la famille de potentats locaux. Rien, évidemment, ne se passera comme l’espère Camille, mais tout se déroule, par contre, comme on en a l’habitude dans les polars noirs et sociaux de Pouy: de l’humour (lamentable), de la colère (sourde), du style (échevelé) et beaucoup de convictions:  » De nos jours, la survie, c’est important. »

De Jean-Bernard Pouy, Éditions Série Noire/Gallimard, 192 pages.

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