Lune du matin

Dans une banlieue italienne non identifiée, faite d’entrepôts de stockage, de petits immeubles d’habitation sans charme et de commerces minables, l’été indien joue les prolongations. La chaleur inhabituelle tape sur les nerfs des esprits faibles. Après avoir conduit Tommy à l’école et lui avoir taxé au passage le fric de la collation pour remplir le réservoir de la décapotable, son grand frère tente de refourguer les DVD pornos de leur père, histoire de s’acheter de la dope et accessoirement, manger le soir. Dans l’usine d’à côté, les ouvriers font la grève; ils risquent de se faire remplacer par des robots et les puéricultrices de la crèche d’en face en ont marre de torcher les chiards. Tout ce petit monde se retrouve le soir au bar du chinois dans le sous-sol duquel des masseuses expérimentées vous proposent leurs services et plus si affinités… Francesco Cattani est le chroniqueur en chef de la merditude de la vie. Il nous fait vivre 24 h dans la vie du petit Tommy et de son entourage où les gens se croisent sans vraiment se voir, vivant l’instant présent rythmé par l’absorption de psychotropes divers et variés qui les aident (ou non) à arriver au terme de la journée. L’auteur de Barcazza gagne en réalisme mais perd en délicatesse. Il faut dire que le spleen de sa première BD fait place ici à la défonce qu’un trait à la Katsuhiro Otomo traduit parfaitement.

Lune du matin

De Francesco Cattani, Éditions Atrabile, 272 pages.

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