Libertalia (tome 1)

De Paolo Grella, Rudi Miel et Fabienne Pigière, Éditions Casterman, 48 pages.

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C’est un temps que les moins de 300 ans ne peuvent pas connaître: une époque d’aventures, d’injustice et de violence, mais aussi de tous les possibles, comme il en manque aujourd’hui. Libertalia racontera, en trois tomes prévus, le récit d’une République peut-être pas si fictionnelle que ça, installée au début du XVIIIe siècle aux abords de Madagascar. Une cité utopique, prônant l’égalité et la fraternité bien avant d’autres, et érigée par deux pirates, l’un noble français porté par de grandes idées révolutionnaires en avance sur son temps, l’autre moine italien et défroqué, outré par le luxe de l’Église. Une folle aventure que les auteurs ont en réalité enracinée dans deux courts chapitres d’un livre de Daniel Defoe, l’auteur de Robinson Crusoë, consacré, en 1726, à 37 authentiques portraits de forbans. Parmi eux, le capitaine Misson directement mis en scène ici, et le capitaine Tew, dont le court portrait contenait surtout l’évocation d’une cité utopique et libertaire, à l’existence aussi brève que prometteuse. Mais suffisante pour le duo de scénaristes, dont une spécialiste en histoire et archéologie, pour ériger cette Libertalia qui tient toutes ses promesses: un récit épique qui sent l’embrun, la poudre de canon et la sueur des marins, porté par un graphisme réaliste lui aussi à la hauteur des attentes, et dû à un jeune italien qui fait ici son entrée chez Casterman. Si ce premier tome n’évite pas tous les écueils que requière souvent une mise en place, et de l’univers et surtout des personnages -la Cité proprement dite, ce sera pour le prochain tome-, le souffle imposé à l’ensemble, fait de flash-backs, de dialogues très travaillés et d’un réalisme qui ne s’épargne aucune violence, même crue, donne envie d’en découvrir la suite.

O.V.V.

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