Les Nuits d’Ava

Rome, les années 50. Ava Gardner s’ennuie ferme sur le tournage de La Maja Desnuda inspirée de Goya. Au bout d’une énième nuit arrosée, elle finit par prendre la pose devant le directeur photo, comme l’a prise jadis Jeanne de Tourbey pour Courbet dans L’Origine du monde. À 40 ans d’intervalle, Jacques Pierre, historien vieillissant et séparé, obsédé par l’actrice américaine, se lance mollement depuis son île sur la Loire dans une enquête sur les traces de ces clichés scandaleux oubliés, mais pas perdus pour tout le monde… Suite si l’on veut de Sauve qui peut (la révolution) sorti voici deux ans, dont Les nuits d’Ava charrient en passant quelques réminiscences, le nouveau roman de Thierry Froger est une sorte de rêverie cinématographie, teintée de la mélancolie de ne pouvoir fixer pour toujours ce qui est irrémédiablement fugace: la vie. Fonctionnant par ellipses et récits parallèles, ce songe met en scène, évidemment de façon très imagée et un sens du « montage » sans brusquerie aucune, la vie de Courbet et son chef-d’oeuvre licencieux, celle d’Ava Gardner et ses frasques parfois illicites, et enfin celle, désabusée, de cet ancien soixante-huitard fou de cinéma, qui, au milieu des années 90, s’escrime à rembobiner le temps et les images…

de Thierry Froger, Éditions Actes Sud, 302 pages.

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