Les Jouisseurs

de Sigolène Vinson, Les éditions de l’Observatoire, 192 pages.

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Les livres d’Olivier ont tous été des succès mais désormais c’est la panne sèche. Pour composer le roman qui lui échappe, Olivier dérobe un automate, l’Écrivain. Sa compagne Éléonore, visiteuse médicale, dévore sa cargaison de psychotropes et, dans ses hallucinations fantasques, s’empare de l’Écrivain pour imaginer en cachette Ole et Léonie, leurs doubles contrebandiers dans le Maroc du XIXe siècle. Dans leur caravane de débauche, leurs doubles instillent le vice et l’alcool à mesure des escales. Comme Olivier et Éléonore, ces contrebandiers cherchent à tromper leur mélancolie… Journaliste à Charlie Hebdo et romancière, Sigolène Vinson signe un curieux objet, un drôle de bazar où s’entrelacent roman en devenir –La Caravane Wintherlig– et le quotidien d’un couple cherchant à surnager au-delà de l’écume des jours. Éléonore fait semblant qu’elle n’écrit pas. Lui fait croire que son travail avance. Il y a vingt ans, ils se sont promis de ne pas s’aimer pour toujours pour ne pas foncer dans le mur. « Et voilà que tout dure, la tendresse et le quotidien. » Sous un format très libre macèrent et infusent un spleen euphorique, une oasis à la fascinante étrangeté, un parfum entêtant. Des glaciers suisses aux dunes marocaines, du XIXe au XXIe siècle, existe-t-il une jouissance assez puissante pour accéder à la joie de vivre?

F.DE.

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