Les Fous dans la mansarde

DE GISÈLE BIENNE, ÉDITIONS ACTES SUD, 224 PAGES.

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Gisou est la petite-fille d’un poilu rémois qu’elle n’a jamais connu mais qui hante sa mémoire. Aussi, grâce à l’écriture, va-t-elle redonner vie à ses paroles et ses gestes perdus pour pérenniser « son » histoire de la Grande Guerre. Avec beaucoup de sensibilité et de pudeur, elle convoque pour un ultime rendez-vous ceux qui ont donné leur vie ou leur raison au conflit mondial puisqu’aujourd’hui tout ou presque semble avoir été effacé, les cimetières pillés et les documents raréfiés. Elle attribue un rôle immémorial à « la piétaille, les « p.c.d.f. » « les pauvres cons du front«  ». Défilent alors Aragon, Cendrars, Apollinaire, Yves Gibeau… tous ces artistes « dégénérés » contemporains de son grand-père coincé dans sa dépression post-traumatique. Ces morts-vivants que l’Histoire a bernés car ils sont partis à la guerre par idéalisme, persuadés de leur mission patriotique, avant d’agoniser accrochés « aux barbelés, les « séchoirs«  ». Et quand ce n’étaient pas les Allemands, c’était l’armée française qui exécutait pour désobéissance civile ou refus de monter au front comme chair à canon… Récit-testament, récit-témoignage, le livre de Gisèle Bienne rend hommage à ces victimes de l’absurdité humaine afin de faire tomber le rideau définitivement sur ces « fous dans la mansarde  » comme elle le fit dans une grande partie de son oeuvre antérieure.

M-D.R.

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