Le Traquet kurde

Printemps 2015, on observe au sommet du Puy-de-Dôme un petit oiseau, le traquet kurde, jamais vu en France auparavant, et dont nul ne sait comment il est arrivé jusque là. À l’affût, avec dans son havresac la précision de la langue, Jean Rolin (Les Événements, Peleliu) s’adonne à la collecte de drôles de spécimens. Outre les pouillots à grands sourcils, bruant lapon et fauvette babillarde, le récit retrace les frasques de figures de l’Histoire impériale britannique. Dont les moeurs déplorables du colonel Meinertzhagen, mystificateur haut en couleur qui, non content de faucher des oiseaux, s’en attribue la collecte. À travers ses carnets, le mégalomane s’octroie l’étoffe d’un James Bond, dont il semble avoir été l’un des modèles. « Quel homme n’a jamais rêvé de parcourir le monde (…), collectionnant les oiseaux (et de ceux-ci les poux), et traquant çà et là des agents bolcheviques? » Au travers des relations que l’ornithologie entretient avec la guerre, l’espionnage ou la diplomatie, ce petit livre érudit chante l’envol d’une réflexion sur l’exode et « (…) la communauté de destin liant le traquet kurde au peuple qui le voit se reproduire ». Près de Mossoul résonnent d’autres chants, d’autres cris, comme « celui-là, auquel on ne peut malheureusement opposer aucun démenti: « le monde résonnera de nos Allahou akbar! »

De Jean Rolin, éditions P.O.L., 176 pages.

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