Les années 80 incarnent une décennie de violence et d’ouverture simultanées. D’un côté, les spasmes d’un terrorisme européen maladif -RAF, Brigades Rouges, Action Directe- qui se traduit chez nous par les CCC et le lourd dossier des tueurs du Brabant. De l’autre, la musique d’Afrique noire sortant de son mode de consommation purement communautaire ou ethnique, initialement incarné par des labels tels que l’américain Zonophone ou l’allemand Bärenreiter-Musicaphon. Ce dernier publie en 1970 le premier album du Super Rail Band, orchestre malien installé au buffet de la gare de Bamako… Les deux chanteurs-lead qui s’y succèdent vont changer le destin de la world, Salif Keita et, plus encore, Mory Kanté. En 1987, avec Yéké Yéké, le second dégage non pas le premier hit afro-pop -Miriam Makeba et Manu Dibango sont déjà passés par là- mais bien une fusion novatrice entre l’Afrique contemporaine et le langage électro-moderne. L’industrie du disquese rend compte du potentiel financier des musiques de Kanté, Keita, Ray Lema, Youssou N’Dour ou du Nigérian Fela Kuti dont le concert extatique à Forest National le 18 mars 1981 révèle à toute une génération plutôt rock la puissance funky des sonorités afros. Alors que la France du magazine Actuelet de sa Radio Nova ouvre les eighties aux musiques du monde issues de ses anciennes colonies, la Belgique reste plus timide face à Franco -néanmoins triomphal à l’AB en début de décennie- et aux autres champions des rythmes estampillés congolais. Une pointure telle que Papa Wemba (1949-2016) trouve davantage de débouchés discographiques sur le Real World Records de Peter Gabriel -fondé en 1989- que chez nous. Aujourd’hui, au-delà de la perle Zazou-Bikaye rééditée par Crammed, des labels tels que l’anglais Strut Records ressortent les trésors africains plus ou moins vintage.

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