La vie de Brian

Du texte, des images et des films, pour un objet total en hommage au maestro De Palma.

L’objet est magnifique! Un livre au format large (30 centimètres sur 25) et lourd d’un papier de fort grammage, rendant justice aux nombreuses -350- illustrations. Et six DVD dans une gaine cartonnée se dépliant non sans élégance. Pas la totale De Palma, mais une édition totalement… brillante (briante?) pour un hommage senti, mérité, au grand cinéaste américain. Les films choisis sont bel et bien incontournables. Jugez du peu: Phantom of the Paradise (1974), The Fury (1978), Dressed to Kill (1980), Blow Out (1981), Scarface (1983) et Body Double (1984) sont là! Certes, il manque les sublimes Carrie et Obsession (tous deux de 1976), et les formidables The Untouchables (1987) et Casualties of War (1989). Mais le bonheur n’en est pas moins quasi absolu. La pièce de résistance étant à trouver dans les 300 pages du livre, constitué d’entretiens avec le maestro lui-même. Une première édition du livre seul étant sortie en 2001, la nouvelle version largement augmentée qui paraît aujourd’hui contient bien sûr des interviews sur les quatre films sortis depuis. De Palma s’y confie sur ses inspirations et sur sa méthode, il parle style (surtout) et contenu, conjuguant au gré des questions les points théoriques comme les exemples tirés de séquences précises.

L’exemple Hitchcock-Truffaut

On devine facilement que l’idée de l’ouvrage est venue à ses auteurs en référence au magistral Le Cinéma selon Hitchcock,aussi connu sous le titre Hitchcock/Truffaut,publié au milieu des années 60 à partir d’entretiens réalisés par le jeune critique et cinéaste français avec le génial Alfred. Brian De Palma étant souvent présenté, à tort ou à raison, comme « l’héritier » de Hitchcock, il y avait quelque logique à reproduire le schéma. Le réalisateur de Blow Out et du délibérément hitchcockien Obsession ne manque pas, bien sûr, de commenter ce point devenu parfois délicat quand certains s’obstinèrent à réduire son travail à celui d’un épigone…

La vie de Brian

La lecture du bouquin, par ailleurs très aisé d’accès et passionnant dans son déroulement chronologique, apporte entre autres des éléments d’information et de réflexion sur ce qu’on a appelé le Nouvel Hollywood. Ce mouvement informel né à la fin des sixties accueillait l’influence du néoréalisme italien et de la Nouvelle Vague française, mais aussi d’une contre-culture importée dans l’industrie du film par de jeunes réalisateurs surdoués ayant notamment pour noms Francis Ford Coppola, Martin Scorsese, Michael Cimino, Paul Schrader, Terrence Malick et bien sûr un Brian De Palma venu de l’expérimental et du film d’horreur (tout comme, au passage, son cadet de trois ans le Canadien David Cronenberg, autre « infiltré » à haut impact…). Quelques confidences d’ordre privé, parce qu’elles éclairent l’oeuvre, ont aussi leur place dans un ensemble de haut vol.

Brian De Palma

Un livre de 316 pages et 6 films en DVD. Entretiens avec De Palma Par Samuel Blumenfeld et Laurent Vachaud.

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