La Vérité sur la comtesse Berdaiev

Maria est belle, altière. Elle possède cette âme slave qui fait fantasmer les hommes. Elle est libertine mais toujours dans la dignité et les convenances, comme le lui a inculqué sa mère la princesse Oborov. Arrivée en France après avoir fui la révolution russe de 1917, la comtesse Berdaïev va tenter de s’immiscer dans la société française qui considère cette communauté de Russes blancs désargentés avec réserve. Ses atouts? Sa beauté, son intelligence, sa finesse psychologique gardées intactes après avoir subi les dures épreuves d’un exil douloureux. Elle se servira d’hommes de pouvoir pour s’assurer un certain confort matériel et quelques adresses dans son carnet mondain, quitte à privilégier les jouissances plutôt que la prudence. Car en ce début de Ve République, les aigrefins abondent, avides de domination. La comtesse sait qu’elle fait partie d’une race maudite, sanctionnée par le « châtiment de Dieu » pour n’avoir pas été assez fidèle à l’Église orthodoxe. Dans un style magnifique, l’Académicien Jean-Marie Rouart dresse le portrait d’une microsociété anachronique sur fond mouvementé d’une France complotiste confrontée à la guerre d’Algérie, où tous les échelons du pouvoir sont impliqués, une France où la presse se déchire. La morale y est bafouée, seule la cupidité donne un sens à la vie.

de Jean-Marie Rouart, éditions Gallimard, 208 pages.

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