La ruée vers .art

Fondation Cartier © Jean Nouvel, Bâtiment de la Fondation Cartier pour l'art contemporain, boulevard Raspail, Paris, 1994 © Jean Nouvel / Adagp, Par
Michel Verlinden
Michel Verlinden Journaliste

Depuis le 10 mai, l’extension de nom de domaine .art est accessible à tous. Symbolique? Pas seulement: outre créer une identité numérique propre au secteur, il s’agit de dépasser les frontières. Dans une récente interview accordée au Vif, le curateur Hans Ulrich Obrist rappelait combien il était important pour le monde de l’art de ne pas laisser filer le train numérique. Il est vrai que, lancé à la vitesse d’un TGV, celui-ci ne s’arrête pas pour prendre la pose, au risque de laisser beaucoup de monde sur le quai de la gare. En novembre 2016, l’extension de nom de domaine .art était lancée de manière relativement confidentielle. Bonne nouvelle pour les premiers passagers à embarquer dans cette nouvelle aventure digitale, l’adhésion était gratuite. S’en est suivie jusque début février une deuxième phase, dite « Sunrise period », à prix préférentiels lors de laquelle plusieurs grandes marques sont montées à bord -Apple, Chanel, WhatsApp, Merrill Lynch… Puis, du 8 février au 9 mai, c’était au tour des professionnels du secteur -Centre Pompidou, Solomon R. Guggenheim Museum, LACMA (Los Angeles County Museum of Art), Serpentine Galleries, TATE…- de faire valider leur billet. Désormais, depuis le 10 mai, .art est en accès généralisé, c’est-à-dire que tout un chacun a la possibilité d’enregistrer son nom de domaine sur .art. Pour Ulvi Kasimov -Président fondateur et initiateur du projet auprès de l’ICANN, l’organisme de régulation d’Internet-, l’opération risque d’être juteuse. En cause, l’extrême lisibilité de cette extension qui « permet à la communauté artistique internationale de créer une identité numérique qui lui est propre et directement identifiée comme liée au secteur artistique« . Mais ce n’est pas tout. À l’heure des replis identitaires, .art offre également l’opportunité d’affirmer une appartenance supranationale. Stefan Kalmár, Directeur de l’Institute of Contemporary Arts (ICA) à Londres, ne l’a pas caché en affirmant: « Transférer l’Institute of Contemporary Arts de « ica.org.uk » à « ica.art » est pour moi tout à fait logique (…) en tant qu’institution qui s’est toujours située sur un plan international et va ainsi à l’encontre du retour actuel du nationalisme, que ce soit au Royaume-Uni ou ailleurs. www.ica.art réaffirme ainsi la conviction partagée par l’ICA selon laquelle notre monde est interconnecté et que c’est uniquement ensemble que nous pouvons répondre aux défis qu’il nous pose. » En Belgique, on notera que la Fondation Magritte, la BRAFA, Axel Vervoordt et le Wiels possèdent déjà leur siège en première classe…

www.art.art

Michel Verlinden

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