La danse de l’araignée

DE LAURA ALCOBA, ÉDITIONS GALLIMARD, 160 PAGES.

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1980. Laura a douze ans quand elle rejoint en France sa mère qui a fui la dictature argentine. Son père, lui, est incarcéré comme prisonnier politique. Elle vit à Bagnolet, « presque Paris », dans un immeuble avec vue sur les autoroutes d’entrée dans la capitale. Malgré un environnement déshumanisé, Laura travaille bien à l’école, passionnée par la langue française, et elle apprend l’allemand, langue qui la distinguera de la masse selon sa mère. C’est son père qui l’a initiée à la littérature et c’est avec lui qu’elle échange pendant deux ans des lettres où elle lui parle de la beauté nocturne qu’elle décèle dans les phares des voitures sur le périph, des deux tours jumelles, les Mercuriales, qui s’irisent au coucher du soleil et surtout de ses progrès en français. La vie d’exilées n’est pas facile mais sa mère et l’amie qui l’accompagne tentent de rendre leur existence digne et décente, persuadées qu’un jour elles pourront atteindre une vie meilleure. Dans ce troisième roman autobiographique de Lara Alcoba, les anecdotes et les émotions furtives sont racontées avec la naïveté de l’enfance, le souci du détail piquant que l’adulte néglige souvent et une poésie nimbée de mystère. À la fois sobre, musical et elliptique, le style de l’auteure épouse parfaitement les interrogations que la jeune narratrice tente de transcender.

M-D.R.

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