L’Herbe maudite

DE ANNE ENRIGHT, ÉDITIONS ACTES SUD, 304 PAGES.

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Irlande, années 80. Dans un petit village de l’ouest, Rosaleen Madigan soigne son égoïsme et sa dépression en se rendant dépendante de ses quatre enfants. Les années passent, les petits grandissent et la quittent: Dan, aspirant prêtre, vit son homosexualité sur un autre continent; Hanna survit à Dublin accrochée à son bébé et à l’alcool; Emmet est parti se soigner lui-même et les autres en Afrique; Constance, qui a craint un cancer du sein, s’occupe de son mari, de ses trois enfants et de sa mère devenue veuve qui vit tout près… Et soudain, sans crier gare, voilà déjà Noël 2005. Rosaleen convoque au bercail sa progéniture qu’elle ne voit pratiquement plus. Car elle a décidé de vendre la maison… Dans ce roman choral plutôt étourdissant, Anne Enright parvient sans mal à se glisser dans la peau des cinq membres de la tribu Madigan, de leurs émotions contraintes, contrariées, refoulées ou exacerbées, chacun aux prises avec son vécu familial indélébile, sa place dans la fratrie que les enfants conservent à jamais dans leur vie, quoi qu’ils fassent. Se jouant des temps et des lieux dans une écriture déliée, scénaristique, au travers d’un montage sans anicroche, l’auteur, qui fut aussi productrice, dans cette sorte d’Été à Osage County irlandais démontre l’Eire de rien que cette mère d’Irlande est toujours aussi belle, mouvementée, imprévisible… voire même dangereuse.

B.R.

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