L’Appel du fleuve

La soixantaine encore altière, Robert, professeur d’Histoire à l’université de Floride, mène une vie d’un bonheur tranquille en apparence -et pas seulement- en compagnie de son épouse de plus de 30 ans, Darla. Hanté par le souvenir du Vietnam, guerre au cours de laquelle il a tué, réfugié au coeur d’ un arbre, une silhouette sans savoir si elle le menaçait ou pas, il l’est aussi par une autre expérience intense: celle de l’amour qu’il a éprouvé pour une jeune Vietnamienne. Aîné de sa fratrie, Robert était parti en guerre pour plaire à son vieux irascible qui avait combattu en Europe, à l’inverse de son frère Jimmy qui s’est rebellé et réfugié au Canada. Mais voilà que « Senior » -le vieux rock- s’effrite, se casse une hanche et dévale dans l’abîme du néant… D’une maîtrise digne d’un Russell Banks, cette saga familiale est racontée avec fluidité, son auteur, l’Américain Robert Olen Butler (Pulitzer pour Un doux parfum d’exil) s’immisçant avec aisance dans la tête de chacun des intervenants -des planètes qui révolutionnent, se frôlent et se croisent autour de l’image de ce soleil sombre qu’est la figure paternelle, un trou noir qui continue à exercer une irrémédiable force d’attraction. Car l’enfance est comme une étoile éteinte: sa lumière nous parvient encore, longtemps après qu’elle ait disparu…

de Robert Olen Butler, ÉDITIONS Actes Sud, traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean-Luc Piningre, 270 pages.

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