L’appel de la lune

DE TIDIANE N’DIAYE, ÉDITIONS GALLIMARD, COLLECTION CONTINENTS NOIRS, 224 PAGES.

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Tidiane N’Diaye a l’art de bouleverser nos certitudes en nous éclairant sur l’histoire complexe de l’Afrique australe et, plus particulièrement, sur le comportement des Huguenots qui, d’opprimés, sont devenus oppresseurs. En l’occurrence, l’auteur a choisi ici de focaliser la part fictive de son roman sur une famille française arrivée en Afrique du Sud après la Saint-Barthélemy. Ils sont viticulteurs et perpétuent le métier du vin dans cette région féconde. Tolérants, ils sont nourris des penseurs des Lumières. Preuve en est le mariage de la belle princesse zouloue avec le jeune fils de famille ou les portraits édifiants, bien qu’improbables, des grands-pères des jeunes époux dont la sagesse est infinie ou encore, de Kuzayo, symbole de la métamorphose d’un peuple confronté à des menaces d’aliénation totale. Roman haletant qui mêle les destinées des uns, persuadés de leur supériorité blanche, et des autres, craignant la disparition de leurs traditions, L’Appel de la lune, entre humanisme primitif et pensée libre, est un véritable devoir de mémoire qui se termine sur une vision pessimiste mais ô combien réaliste. Dommage que l’alternance des récits, entre contexte historico-politique fouillé et conte de fées idéalisé, soit parfois laborieuse. Mais le plaisir de la lecture subsiste. Un peu d’amour, même édifiant, ne fait pas de tort dans ce monde de brutes.

M-D.R.

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