L’Air de rien

« Je profitais avec allégresse de mon déclin et de mon retrait du monde. Mais voilà qu’il m’arrive une histoire. » Cloîtré chez lui sur une chaise roulante, Waldo, réalisateur londonien vieillissant, rumine ferme dans son vieux t-shirt baba. Il soupçonne sa femme Zee, bien plus jeune, de le tromper avec Eddie, critique de cinéma et pique-assiette, « plus qu’une simple connaissance, mais moins qu’un ami, depuis plus de trente ans. » Autrefois président du jury à Cannes par-ci, un trophée à Sundance par-là, le maestro suspicieux se ferait-il des films? Comme Elvis et la jalousie, la libido ne meurt jamais, aussi Waldo va-t-il s’employer à démontrer l’adultère qui se joue sous son nez, bien décidé à ourdir sa vengeance. « Et s’il y a bel et bien eu trahison, vous pouvez compter sur moi: je vais faire une grosse bêtise. » Les réalisateurs sont des voyeurs qui travaillent avec des exhibitionnistes. Dans ce vaudeville cru et malicieux, Hanif Kureishi joue à domicile. Excellant à distiller passes d’armes et joutes sous la ceinture, l’écrivain et scénariste britannique (My Beautiful Laundrette, Intimité) passe le triangle amoureux au bain révélateur de son humour noir. « La vieillesse, ce n’est pas pour les mauviettes. »

De Hanif Kureishi, ÉDITIONS Christian Bourgois, Traduit de l’anglais par Florence Cabaret, 192 pages.

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