Jours d’exil

de Juliette Kahane, Editions de l’Olivier, 186 pages.

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Quand la narratrice, alter ego de l’auteure, pénètre l’univers des migrants du Lycée désaffecté Jean-Quarré dans le XIXe parisien, le chaos y règne déjà: hiérarchie anarchique, emprise de descendants des Brigades rouges, prise de pouvoir par des dealers et factions islamistes… Pendant quelques mois, Hannah va tenter de comprendre le mode de fonctionnement de ces âmes errantes en s’impliquant dans l’organisation. En voisine, exilée parmi les exilés, elle prépare les petits-déjeuners, dispense des cours de français, prépare des visites de Paris mais les chocs culturels sont parfois infranchissables. Et les bénévoles de moins en moins respectés, les migrants étant persuadés que seule la bonne conscience ou la compassion les fait agir. Parallèlement à cette mouvance, c’est aussi un regard sur sa propre vie que pose Hannah, à l’heure des bilans de la soixantaine: flash-back sur ses révoltes post-soixante-huitardes qui ont fini par sombrer, sur le couple qu’elle forme avec Félix, un gauchiste aigri, sur les incidences de la drogue et de l’alcool. Récit vivant, au phrasé rythmé, révélateur d’une conscience toujours en éveil, mêlant l’analyse clinique à une empathie saine, Jours d’exil casse les a priori, lucide car il reconnaît notre incapacité. Une fois de plus, Juliette Kahane s’intéresse à la marginalité, à la difficulté d’aller vers l’autre, aux intellos-bobos des années 70 et elle le fait très bien.

M-D.R.

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