Journal d’Italie (tome 2)

David B., comme tous ses ex-collègues de L’Association, a développé au fil du temps une oeuvre singulière, hantée dans son cas par l’Histoire, les rêves, l’ésotérisme et les gangsters. Malgré quelques collaborations scénaristiques, il n’a jamais dévié de sa trajectoire. Il a également comme d’autres auteurs de sa génération cédé aux sirènes de l’autobiographie, avec pour résultat le monument qu’est L’Ascension du Haut Mal. Quand voilà quelques années son ami Lewis Trondheim, coiffé de sa casquette de directeur de collection, lui propose des carnets de voyages pour les éditions Delcourt, c’est tout naturellement du côté obscur de la force qu’il les aborde. Le premier tome commençait en Italie et se terminait en France. Le second volet -toujours intitulé Journal d’Italie– se passe… à Hong Kong et Osaka. C’est en tant qu’invité de l’ambassade de France qu’il relate son périple dans ces deux villes extrême-orientales et c’est à travers les histoires de fantômes et de gangsters qu’elles nous sont dévoilées. Dans la première, il s’interroge sur un bâtiment hanté ceint d’un mur sans porte afin, paraît-il, de contenir les fantômes qu’il renferme. À Osaka, invité par Frédéric Boilet, directeur d’une collection chez Casterman et grand amoureux des femmes et de l’érotisme, il tente de satisfaire à la fois son hôte et sa propre passion de l’étrange en parlant entre autres du démon Wutong qui aimait séduire les femmes et voler leur mari, ou du Tanuki et de ses éléphantesques testicules. David B. est une sorte de croisement entre Hugo Pratt et Jean Ray: comme le premier, il a la passion des armes et de ceux qui les portent et avec le second il partage cette faculté de déceler, pour qui sait observer les signes, le fantastique dans la vie quotidienne. Voici donc sans surprise un bel objet allégorique comme seul son auteur peut en écrire.

Journal d'Italie (tome 2)

De David B., Éditions Delcourt, 144 pages.

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