In bed with Leonard – Leonard Cohen: Bird on a wire

© © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Documentaire de Tony Palmer.

8

Au printemps 1972, Leonard Cohen part sur les routes et dans le ciel d’Europe pour une série de concerts qui doivent le conduire en Israël. Dans ses bagages: le jeune réalisateur Tony Palmer. À l’origine, le trentenaire britannique doit réaliser un documentaire promotionnel. Un film commandé pour dynamiser les ventes du singer-songwriter canadien. Passionné de musique (il a suivi les Beatles, Cream, Hendrix, Rory Gallagher et Zappa avant de se consacrer à des chanteurs et musiciens classiques), Palmer est partout. Sur scène et dans les coulisses. Dans les salles de bain et les aéroports. L’entourage n’est toutefois pas satisfait par le film et le fait remonter pour un résultat vite oublié. Dont acte. The End. Tout aurait pu, dû s’arrêter là. Sauf qu’en 2009, les rushes originels sont retrouvés dans un entrepôt hollywoodien et réexpédiés au réalisateur. Palmer décide alors de fabriquer une nouvelle version de son documentaire. Comme annoncé en guise de préambule, Bird On a Wire est une impression des moments survenus durant cette étrange tournée. Un poème visuel à l’approche intimiste en même temps qu’une rencontre sans fard immortalisant la grâce comme les moments les plus routiniers voire embarrassants. Descentes d’avion. Extraits d’interview parfois que l’enregistreur d’un journaliste n’a pas voulu immortaliser. On voit feu Cohen écrire dans sa baignoire et dans des chambres d’hôtel. Signer des jambes, des poitrines et des affiches. Ou encore allumer une fille magnifique aux yeux de biche. On le suit aussi dans des situations délicates. Comme dans cette scène délirante où un fan prend son équipe à parti. – « On n’a pas aimé. » -« Faites vous rembourser et ne parlez pas pour d’autres. » -« Ce n’est pas une question d’argent. Vous avez trompé les gens. » -« Tu crois qu’on a fait exprès? La sono nous a lâchés, arrête de raconter des conneries. » -« Vous ne saviez pas que les baffles ne marchaient pas? (…) Vous jouez comme ça sans faire de répétition? » -« Mais on a répété et tout marchait très bien. Tu crois qu’on a trouvé marrant de faire péter la sono? » -« Vous auriez dû arrêter le concert et dire aux gens qu’ils pouvaient se faire rembourser. » -« Je vais vous rembourser moi. » Leonard, lui-même dévasté par le son dégueulasse de cette tournée un peu foireuse, sort l’argent de sa poche. File son fric à l’apprenti rebelle. Un des moments saisissants de ce docu exceptionnel et fascinant terminé des larmes plein les yeux lors d’un concert à Jérusalem.

Julien Broquet

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content