I Love America… – American Epic

Mississippi John Hurt © DR

Début du siècle dernier, aux États-Unis, l’industrie de la musique cible la classe moyenne urbaine. Mais au milieu des années 20, avec l’avènement de la radio et la chute des ventes, les fabricants de phonographes et de disques décident de miser sur d’autres consommateurs. Les paysans et les gens de couleur. Ils envoient des équipes dans le sud, placent des encarts pour les inviter à auditionner. Frank Walker, dénicheur de talents et producteur de la Columbia à l’époque, explique: « C’était vers 1927, notre toute première tournée. On décidait d’enregistrer à Johnson City, Tennessee. C’était annoncé dans le journal. La nouvelle se répandait dans les églises et les écoles. Quelqu’un allait venir enregistrer des disques. Les gens avaient parfois parcouru plus de 1 400 kilomètres. J’ignore comment ils faisaient et comment ils rentraient chez eux. Ils ne demandaient jamais d’argent. Ils ne discutaient rien. Ils étaient simplement contents de chanter et de jouer. Ils avaient fait un disque et pour eux, c’était la plus grande gloire après être président des États-Unis. » Coproduit par T-Bone Burnett, Robert Redford et Jack White (qui y fait d’ailleurs quelques petites apparitions), American Epic raconte l’explosion des musiques rurales américaines dans les années 20 et 30, comment les pionniers du blues et de la country ont sauvé l’industrie disque. Il retrace aussi, à travers ses improbables et invraisemblables destins, un petit bout de l’histoire des États-Unis. Par ailleurs objet d’un livre et d’une compil, American Epic s’est décliné en trois épisodes pour la télé américaine. Trois épisodes historiques complétés par un film où Jack White, Beck et Pokey LaFarge, entre autres, immortalisent de la musique sur le premier appareil d’enregistrement électrique au monde. Arte ne diffuse qu’une version courte (une heure et demie seulement) du documentaire. Mais ce film réalisé par le Britannique Bernard MacMahon, narré dans sa version originale par Robert Redford, résume plutôt bien l’aventure en se focalisant sur la musique, les musiciens et ces singuliers chercheurs d’or. Tous incarnent à leur manière une facette de l’Amérique. Il y a la Carter Family, habitants de la poor valley, les Appalaches misérables. Le prêcheur Elder Burch et sa chorale qui inspireront à jamais le voisin de l’église Dizzy Gillespie. Mais aussi l’homme-orchestre Charley Patton, l’idole des Mexicains Lydia Mendoza ou encore l’incroyable Mississippi John Hurt, redécouvert dans les années 60 par un musicologue. American Epic, ou comment célébrer la rencontre entre la musique des travailleurs et du peuple et les débuts de l’enregistrement audio moderne. Passionnant.

Documentaire de Bernard MacMahon.

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