Harmonium

De Kôji Fukada. Avec Tadanobu Asano, Mariko Tsutsui, Kanji Furutachi. 1 h 55. Dist: Coming Soon.

8

Révélé sous nos latitudes par un Au revoir l’été à l’humeur subtilement rohmérienne, le cinéaste japonais Kôji Fukada signe avec Harmonium un portrait de famille insolite, doublé d’un drame d’une noirceur assumée. Menant une existence terne selon toute apparence avec sa femme Akié et leur petite fille Hotaru, Toshio a la surprise de voir apparaître un jour à l’entrée de son atelier un homme ou plutôt un fantôme, chemise blanche immaculée sur pantalon noir. Un échange laconique plus tard -« cela faisait longtemps…« -, et voilà Yasaka, puisque c’est son nom, engagé dans la petite entreprise et, tant qu’à faire, invité à s’établir dans la maison familiale. Avec lui, c’est aussi le malaise qui s’installe, à quoi l’étrange individu tente de remédier en se montrant toujours plus prévenant, aidant la fillette à maîtriser les finesses de l’harmonium tout en se rapprochant insensiblement de sa mère…

Évoquant, dans un premier temps, quelque déclinaison nipponne du Théorème de Pasolini, Harmonium adopte ensuite une architecture sinueuse, récit sur le fil du rasoir faisant méthodiquement craquer le vernis familial. Soit, mêlant violence sourde et émotions contenues, une tragédie intime cruelle dont l’intensité va crescendo au gré de son articulation en deux temps. Et, porté par une écriture millimétrée, un sens de l’ellipse aiguisé et une mise en scène à l’économie affûtée, un film que chaque nouvelle vision vient enrichir, non sans souligner l’immense talent de Fukada. Lequel livre là une oeuvre aussi fascinante que dérangeante, culminant dans un final troublant jusqu’au vertige. À découvrir absolument. Pas de bonus.

J.F.PL.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content