Critique | Musique

Le « nouveau » Neil Young, enregistré il y a 41 ans, est splendide et bouleversant

Neil Young © DR
Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Quarante et un ans après l’avoir enregistré, l’insubmersible Neil Young sort Hitchhiker. Disque dépouillé au sein duquel figurent deux inédits. Thumbs up…

« Are you ready Briggs? » La voix de Neil Young s’adresse à son producteur et définit d’emblée l’ambiance du disque. Vous êtes une petite souris vous promenant le 11 août 1976 dans les murs boisés de l’Indigo Studio. C’est là, dans ce lieu d’enregistrement de Malibu où au fil des années se sont arrêtés Neil Diamond, Olivia Newton John et bien plus tard Korn, Sepultura ou encore Limp Bizkit que le songwriter canadien est parti s’enfermer au coeur de l’été avec son acolyte David Briggs. À l’époque, aucun de ces morceaux n’a encore été enregistré. Young joue même certains d’entre eux pour la première fois. Au milieu des années 70, le grand Neil est au sommet de son art. En cinq ans, il vient d’enchaîner cinq pépites. After the Gold Rush, Harvest, On the Beach, Tonight’s the Night et Zuma. Période prolifique, inspiration inextinguible… Mis en boîte d’une traite, en une nuit, ou quasi, Hitchhiker est avec Homegrown et Chrome Dreams l’un des quelques albums perdus du Loner… Dans ses mémoires, Special Deluxe, Young décrit la session: « J’ai passé la nuit là avec David et enregistré neuf chansons solo acoustiques. C’était une oeuvre complète mais j’étais assez défoncé. Vous pouvez l’entendre dans mes performances. Mon ami le génial acteur Dean Stockwell, avec qui j’ai travaillé plus tard sur Human Highway, était avec nous. J’ai donné vie à ces chansons les unes à la suite des autres. Faisant juste des pauses pour de l’herbe, de la bière ou de la coke. Briggs était dans la salle des commandes, mixant live sur sa console favorite. »

L’art de la simplicité

Juste armé d’une guitare acoustique, d’un harmonica et pour le dernier morceau (The Old Country Waltz) d’un piano, Young est ici dans son simple élément. Qu’Hitchhiker ait été une tentative d’album ne l’ayant à l’époque pas convaincu ou qu’il corresponde plus probablement à l’enregistrement de démos, huit des dix titres ici rassemblés avaient ensuite vu le jour sur des disques. Trois chansons (Pocahontas, Powderfinger et Ride My Llama) figurent sur Rust Never Sleeps. Campaigner s’est retrouvé dès 1977 sur l’anthologie Decade. Human Highway a atterri sur Comes a Time. Et Captain Kennedy a trouvé une place sur Hawks & Doves. Le tout sous des formes généralement fort différentes de ces versions originales. À l’image d’Hitchhiker, retravaillé avec Daniel Lanois pour Le Noise (2010). Dépouillé, désarmant, L’Auto-Stoppeur est un voyage dans le temps et ne vaut pas que pour les deux seuls titres inédits (Hawaii et Give Me Strength) qui en constituent le coeur. Il rappelle aussi que la singularité et la beauté résident souvent dans la plus grande simplicité. Splendide et bouleversant.

Neil Young, Hitchhiker, distribué par Warner. ****

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