Essence

Dans un immeuble abandonné, un homme se fraye un passage parmi les détritus et le mobilier crasseux qui jonchent le sol. Il soliloque comme un vieux fou et tient à la main un jerrican d’essence. Arrivé à l’extérieur, il rejoint une femme qui l’attend près d’une voiture et s’excuse du temps qu’il a mis pour rejoindre la surface. Le plein effectué, ils repartent tous deux au volant d’une superbe américaine. Pendant qu’ils traversent des paysages apocalyptiques, la femme lui pose des questions auxquelles l’homme semble avoir des difficultés à répondre. Ils ne se connaissent visiblement pas et elle agit comme le ferait une thérapeute pour faire resurgir des souvenirs que l’homme a oubliés. Plusieurs fois, ils vont devoir s’arrêter pour se ravitailler en nourriture, en essence ou pour passer la nuit. Chaque fois dans des endroits étranges, peuplés de gens non moins bizarres. Et le lendemain ils reprennent la route, lui au volant, elle avec ses questions. Si, au premier tiers du bouquin, le lecteur peu attentif n’a pas encore remarqué que les personnages évoluent dans un monde parallèle, les auteurs nous annoncent que l’homme est mort et que la femme est là pour lui rappeler les circonstances de son décès. Cela lui permettra, d’après elle, de partir en paix. Benjamin Flao est un dessinateur extraordinaire. Il l’avait déjà démontré dans ses carnets de voyage ou ses histoires africaines, grecques ou espagnoles… Bref là où il y a du soleil. Mais si chaleur il y a ici, l’histoire n’en est pas moins tragique. On sait que l’homme est mort, l’intérêt du scénario de Fred Bernard réside dans la manière dont va nous être révélée sa fin. L’ombre de Moebius et de son fameux Garage hermétique plane sur cette belle histoire fantastique, dure et poétique.

Essence

De Fred Bernard et Benjamin Flao, Éditions Futuropolis. 184 pages.

7

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content