Donjons & sparadraps

Un titre liégeois à l’humour thérapeutique jongle avec les potions de vie pour réhabiliter la place peu enviable du soigneur dans les jeux de rôle.

Inventé à la fin des années 80 par Square et Chunsoft, les codes des jeux de rôle japonais (J-RPG) se sont répétés à l’infini, jusqu’à engendrer des clichés. L’image du guérisseur a ainsi la vie dure dans des sagas comme Final Fantasy ou Dragon Quest. Toujours en retrait, ce laissé-pour-compte vient d’être réhabilité par Pablo Coma. Ce développeur liégeois pousse en effet l’urgentiste de service au centre des débats sur Healer’s Quest. Repérée par des médias US phares (Polygon, S iliconera…), cette approche inédite l’a propulsé quatre jours d’affilée dans le très enviable Top 5 des titres  » nouveaux et populaires« , sur Steam (1). Allumez les sirènes…

Aimable et discret, l’infirmier de Healer’s Quest est exactement à l’image de Pablo Coma, homme-orchestre qui l’a façonné seul pendant quatre ans. Développeur de jeux casual pour IMPS -la société gérant les droits des Schtroumpfs-, cet ex-étudiant de Saint-Luc a abattu un sérieux travail de développement. Le fruit de ses efforts s’illustre par une approche graphique 2D aux airs de cartoon naïf. Proche de Yoshi’s Island sur Super NES, ce style embrasse un gaming à la belge qui cultive notre héritage BD, y compris dans le nord du pays ( Guns, Gore & Cannoli ou le prochain Flotsam).

Un elfe offusqué qu’on le prenne pour une jolie fille  » car il en faut toujours une dans un RPG« , une équipe adverse outrée qu’on qualifie sa rencontre d' » aléatoire« : Healer’s Quest se moque gentiment des poncifs de l’industrie du gaming et des RPG pour abattre le quatrième mur avec un enthousiasme communicatif. Le ton est parfois ado, mais on s’attache sans peine au héros et à son quatuor de bras cassés ingrats, d’autant que la bande originale et orchestrale de l’épopée hypnotise.

Donjons & sparadraps

À tombeau ouvert

Dans les faits, Healer’s Quest oscille entre des phases d’exploration/préparation de son équipe et des joutes presque arcade. À coups de clics de souris nerveux, on soigne en effet les barres de vie en perpétuelle chute libre de son équipe. Mais ces sorts ne peuvent pas être lancés ad vitam aeternam. Car la jauge de mana de l’urgentiste se siphonne sans crier gare. Rester concentré pour jongler au plus vite entre quatre pouvoirs différents est donc vital. Pieuvre géante, rats de donjon… Du mineur à l’index, quatre doigts restent collés aux touches de raccourcis clavier. Le tout pour, entre autres, améliorer temporairement la défense d’un sorcier ou booster l’attaque d’un chevalier. Gare à la tendinite!

Ce quatuor de pouvoirs -à choisir parmi 18- déballe un gameplay illuminé d’un arbre de compétences gorgé de subtilités, à l’image du jeu. Manque de sommeil? Mort prématurée? L’humeur des combattants affecte les performances, à garder au top pour éviter les game over . Nombreux mais pas pénalisants, ces derniers ponctuent une action hélas vite répétitive. Loin d’être une révélation, Healer’s Quest témoigne finalement du formidable potentiel de la scène gaming garage belge et francophone, en pleine floraison ces dernières semaines avec Bombslinger et Domiverse, mais aussi le prochain Shift Quantum.

Healer’s Quest

Édité et développé par Rablo Games, âge: 12+, disponible sur PC.

7

(1) Le plus grand magasin de jeu vidéo dématérialisé au monde.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content