Détour

 » Sans raison particulière, Dieu, le Destin ou je ne sais quelle force mystérieuse peut décider de s’acharner sur l’un d’entre nous. » Attention, mais trop tard, on spoile à mort: ainsi s’achève Détour, mais la sentence colle de fait parfaitement au parcours d’Alex Toth, ce musicien new-yorkais et raté pris en stop dès les premières pages -il veut rejoindre L.A. et sa fiancée Sue- et abonné aux mauvaises décisions. Comme lorsque son bookmaker de chauffeur meurt en sortant de son roadster: plutôt que de prévenir la police, il lui fait les poches, cache le corps et endosse son identité. Pendant ce temps-là, Sue Harvey ne l’attend pas à Hollywood: elle affine, croit-elle, ses stratégies de survie… Un récit sombre et rapide, plein de « twists » et mené à deux voix, sur le poids des chimères et la face sombre de Hollywood: cet inédit de Martin M. Goldsmith (1913-1994) pourrait avoir été écrit aujourd’hui, il date pourtant de 1939, et n’avait jamais traversé l’Atlantique autrement que dans une version cinéma (et tronquée) datant, elle, de 1945. Belle pioche, donc, de la part des éditions Rivages, qui retournent à leurs racines à la David Goodis ou James Cain, tout en demandant à l’une de leurs jeunes stars, William Boyle, de préfacer le texte: malin, et délectable à lire.

de Martin M. Goldsmith, Éditions Rivages/Noir, Traduit de l’anglais (USA) par Simon Baril, 258 pages.

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