Dans une coque de noix

De Ian McEwan, éditions Gallimard, Traduit de l’anglais par France Camus-Pichon, 224 pages.

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« Je me considère comme un innocent, mais il semble que je sois mêlé à un complot. Ma mère, béni soit son coeur à l’incessant bruit de pompe, semble impliquée. » Le narrateur vit encore chez sa mère… Et pour cause: quelques semaines avant son arrivée dans le monde, un foetus découvre que la belle Trudy trompe son père avec le frère de celui-ci, cet ignare de Claude, et que les amants projettent d’assassiner le mari afin de faire main basse sur sa maison. « Me voici donc, la tête en bas dans une femme. Les bras patiemment croisés, attendant, attendant et me demandant à l’intérieur de qui je suis, dans quoi je suis embarqué. » Par-dessus les bruits de laverie automatique de l’estomac et des intestins, notre héros fulmine: « Tout le monde ne sait pas quel effet ça fait, d’avoir le pénis du rival de votre père à quelques centimètres de votre nez. Si tard dans la grossesse, ils devraient réfréner leurs élans par égard pour moi. La courtoisie, à défaut de discernement médical, l’exige. » à quoi donc joue sa mère, comment déjouer le crime passionnel doublé d’un fratricide? Laisse pas traîner ton fils! Comme revenu à ses premières amours, Ian McEwan délaisse les sujets contemporains pour renouer avec un personnage d’enfant malmené par l’existence. Un conte cruel où la tragédie le dispute à l’humour féroce. Moralité: on ne fait pas d’Hamlet sans casser des oeufs.

F.DE.

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