Coups de peinture

© © Ty Segall

Comme si son hyperactivité musicale ne suffisait pas, Ty Segall a eu droit en début d’année, à Chicago, à sa première exposition de peinture. Dans son travail, il y a un côté Munch versus Gauguin. Un truc hurlant, de l’effroi, des couleurs… Une dimension comics aussi. « J’ai toujours dessiné de drôles de trucs, avoue-t-il. Je ne vais pas dire de belles choses. Mais des choses étranges. Déjà étant gamin. Rien de bien sérieux. Mais ces deux dernières années, je m’y suis consacré davantage. J’avais besoin d’un autre exercice mental. Je ne prétends pas que ce que je peins a quoi que ce soit d’intellectuel. C’est juste une autre méthode de travailler. De se relaxer. J’aime écouter des disques en peignant. Surfer sur différents types de réalisations. La musique n’est pas très relaxante pour moi. Elle est extrêmement stimulante. Je ne peux pas être toujours là, assis, à créer des mélodies et des chansons. Ça me rend dingue. La peinture est un bon moyen de m’apaiser. D’être méticuleux et de réfléchir en même temps. C’est comme lire. Une autre manière d’utiliser mon cerveau avant de retourner à la musique si accaparante. » Il le reconnaît volontiers. Segall est quelqu’un d’obsessionnel dans tout ce qu’il fait.

Son père était agent immobilier. Sa mère est une artiste. Peintre, sculptrice. « Je n’ai plus vu son travail depuis un bout de temps. Je ne lui parle plus en fait. Mais c’était de la peinture à l’huile. Un peu genre roman graphique. Elle ne m’a rien enseigné de tout ça. C’est juste un truc que j’ai appris par moi-même, en autodidacte et qui est revenu dans ma vie. » Un truc qu’il aborde avec beaucoup de simplicité et de modestie. « Je ne pense pas que ce soit dingue. Mais c’est cool à faire. J’aime beaucoup Francis Bacon, Van Gogh. Munch aussi, oui… Je suis très mauvais avec les noms. Mais il y a beaucoup de formes artistiques plus ou moins proches du comic book que j’adore. Tu connais Tales from the Sphinx? Tu dois checker. Il y a trois volumes. Ça m’a obsédé pendant un bout de temps. Ça commence avec un couple qui a des relations sexuelles sous l’effet de la drogue et ouvre ainsi un portail pour une autre dimension. C’est classé X. C’est graphique. Extrêmement bizarre et psychédélique. Vraiment mon type préféré d’illustration. »

Hasards de calendrier. Le mentor de Ty Segall, l’autre patron du rock californien, John Dwyer, leader de Thee Oh Sees, sortait il y a peu sur son label Castle Faces, un ouvrage compilant lui aussi ses oeuvres visuelles. Des prospectus, flyers et posters aux styles variés et souvent psychédéliques réalisés entre 1999 et 2016. « J’espère que vous aimerez. Peut-être étiez-vous à l’un de ces concerts? Peut-être vous êtes-vous demandé qui avait conçu ce poster de merde? C’était moi… »

J.B.

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