Bribes de conversation

Wes Anderson

Service minimum pour Wes Anderson lors du dernier festival de Berlin, le réalisateur américain s’en tenant à la traditionnelle conférence de presse, prolongée par un concept d’un genre inédit: une rencontre entre le cinéaste et ses coauteurs, Roman Coppola, Jason Schwartzman et Kunichi Nomura, à l’Académie des Arts, à deux pas de la porte de Brandebourg, à laquelle étaient conviés quelques dizaines de journalistes accueillis par un verre de saké au son d’un orchestre de percussions japonaises. Florilège.

La genèse du projet.

« Il y a quatre ou cinq ans de cela, Wes nous a parlé d’une idée gravitant autour de mâles-alpha canins. Nous avons alors réfléchi à une histoire, et à son atmosphère, explique Jason Schwartzman. Roman Coppola renchérissant: Nous savions qu’il y aurait un cadre décrépit, une décharge, un garçon, des chiens alpha et le Japon, voilà pour l’allumage. » « J’ai gardé les carnets de notes prises lors de nos conversations, ajoute Wes Anderson. Le nom des chiens figure déjà à la première page. Il y avait les chiens et la décharge, et ils m’ont dit: « Bien, c’est un bon début. » Nous sommes tous trois amoureux du cinéma japonais, et nous en avons beaucoup parlé, avant que je ne demande à Kunichi de se joindre à nous -nous nous connaissons depuis mon premier voyage au Japon, en 2004. »

Un film japonais.

« Wes m’a dit qu’il voulait faire un film situé au Japon, et il m’a demandé, par exemple, quel était l’uniforme que portaient les employés de grands magasins dans les années 60, se rappelle Kunichi Nomura. Nous étions en permanence en contact. » « On peut trouver beaucoup de choses en Googlant, encore convient-il d’avoir le bon clavier, relèvera pour sa part le cinéaste. Kunichi m’a aidé à comprendre comment obtenir une histoire étroitement liée au Japon. Nous nous sommes inspirés de la culture japonaise, des estampes et gravures sur bois de l’époque Edo, et du cinéma nippon, mais aussi d’endroits précis: l’île abandonnée de Gunkanjima, par exemple. Nous nous sommes servis de lieux existants comme références. Par ailleurs, le paysage japonais recèle une dimension dramatique. La côte est très différente de celle du Texas, le golfe du Mexique n’est pas particulièrement réputé pour ses tsunamis. Même si le film est une pure fantaisie, nous avons veillé à être aussi authentiques que possible. »

L’influence du cinéma.

Wes Anderson: « Le film devait se situer dans le futur, mais un futur comme on pouvait l’imaginer par le passé, comme si Akira Kurosawa avait tourné en 1962 un film de science-fiction situé en 2007. Le cinéma de Kurosawa a été une grande inspiration, mais plutôt ses films urbains, comme Les salauds dorment en paix , Scandale , Chien enragé ou L’Ange ivre. Nous avons aussi pensé à Nuits blanches , de Luchino Visconti, et ses canaux pollués. Mais nous avons veillé à préserver à la ville une dimension poétique, romantique et mystérieuse. »

Le film le plus politique de son auteur?

« La politique fait partie de la fiction, observe ce dernier. Mais en l’occurrence, elle est assez éloignée de la situation du Japon et plus proche de celle du Texas. Le monde a beaucoup changé pendant le processus d’écriture, et cela s’est répercuté d’une manière ou d’une autre sur le film que nous étions en train de faire. »

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