Bon kitsch, bon genre

Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Danger: Diabolik

Film d’action de Mario Bava. Avec John Philip Law, Marisa Mell, Michel Piccoli. 1968.

7

De l’horreur (sa spécialité) à la science-fiction en passant par le polar et le film d’action, Mario Bava sut faire du cinéma de genre un terrain de jeu fertile. Arte consacre un cycle excitant à ce réalisateur italien prolifique, sous-estimé en son temps puis élevé au rang d’artiste culte par les générations suivantes, de son génial héritier Dario Argento à Quentin Tarantino en passant par le duo Cattet-Forzani (Amer, Laissez bronzer les cadavres) et Nicolas Winding Refn (Drive). Ce dernier étant d’ailleurs associé à la très belle restauration des quatre films programmés: Danger: Diabolik (ce soir), Baron Vampire (jeudi 2 novembre), Opération peur (jeudi 9 novembre) et La Planète des vampires (jeudi 16 novembre).

Tourné en 1967 et sorti sur les écrans juste avant un certain mois de mai 1968, Danger: Diabolik est l’adaptation d’une bande dessinée à succès, Diabolik. Créée par deux soeurs complices, Angela et Luciana Giussani, elle prend pour personnage central un méchant masqué, puisant dans la mémoire du sinistre et fascinant Fantômas tout en respirant l’air rock’n’roll, british et sexy du temps, les swinging sixties. Au départ, Mario Bava ne devait pas réaliser le film mais le fameux producteur Dino De Laurentiis fit appel à lui quand les premiers jours de tournage sous Seth Holt eurent placé ce dernier sur un siège éjectable. Bava tire un parti spectaculaire des nombreuses scènes d’action où un policier joué par Michel Piccoli poursuit l’insaisissable Diabolik (John Philip Law) et sa jolie complice Eva Kant (rôle tenu par Marisa Mell… suite au départ de Catherine Deneuve après deux semaines de tournage). Le kitsch est très présent dans un film alliant avec efficacité premier et second degré. Bava se montre nettement moins décalé dans Baron Vampire (1972) et Opération peur (1966), les deux films d’épouvante du cycle, riches en frissons et en malédictions. La Planète des vampires (1965) se devant d’être vu, pour sa beauté formelle (Bava s’y montre un coloriste inspiré) et un scénario de science-fiction morbide qui allait influencer, quatorze ans plus tard, Ridley Scott pour son formidable Alien le huitième passager

Louis Danvers

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