Batman, l’éternelle réinvention

Depuis sa création en 1939 par le dessinateur Bob Kane et le scénariste Bill Finger (l’homme chauve-souris s’appelait alors vraiment « The Bat-Man »), quelques semaines seulement après la naissance de Superman, Batman n’a jamais cessé de paraître et d’être réinventé, sans jamais perdre son identité première: le seul super-héros sans super-pouvoir et évoluant dans un univers plus « sale » que les autres. Dès sa naissance, ses auteurs en appellent en effet plus au pulp et au cinéma expressionniste allemand qu’au comics pour en définir les contours: un être tourmenté par l’assassinat de ses parents, à l’identité perpétuellement trouble -Bruce Wayne est-il plus lui-même dans le rôle du riche héritier ou sous le masque du Chevalier Noir?- capable d’une grande violence, évoluant dans une ville, Gotham City, elle-même gangrenée par le crime et la corruption, et devant affronter les super-vilains les plus extravagants et baroques de la mythologie américaine. Une colonne vertébrale identitaire qui en fera toujours un personnage particulier et populaire. Et ce malgré les changements d’époque, de moeurs et les innombrables réinventions du personnage et de la franchise appartenant à DC -l’autre géant, avec Marvel, de la bande dessinée américaine et désormais d’une grande partie de l’entertainment US, avec ses séries, ses films et ses milliers de produits dérivés.

Batman, l'éternelle réinvention

Le dessinateur Neal Adams a ainsi été l’un des premiers, dans les années 60, à réinventer totalement le personnage, tombé petit à petit dans le kitsch, parallèlement à la fameuse série télévisée qui en fit à la fois son succès et sa croix. Ses récits se font plus adultes et plus sombres, Batman y est plus tourmenté que jamais, le Joker plus cinglé encore. Un angle noir qui servira de références, 20 ans plus tard, à Frank Miller et David Mazzucchelli, chargés à nouveau de « rebooter » toute la franchise. Batman: Année Un, ainsi que Batman: Dark Night deviendront instantanément des succès et des classiques, ouvrant la voie à des interprétations plus « auteuristes » encore, tels Batman: Rire et mourir par Alan Moore et Brian Bolland, ou plus récemment Batman: Un long Halloween de Jeph Loeb et Tim Sale. Une succession de mini- ou de maxi-séries parfois très différentes, pas toujours cohérentes les unes par rapport aux autres, mais qui ont permis au personnage de se faire une vraie place, contrairement à d’autres, à la fois sur le marché francophone et chez de grands éditeurs. Ce fut d’abord Glénat, puis Dargaud avec son label Urban Comics, qui se sont chargés de traduire, de publier et surtout d’adapter les comics de Batman à nos us et coutumes: soit des anthologies plus luxueuses, moins périodiques et au format plus grand que celui édité sur le marché américain. Aujourd’hui, avec Marini, DC semble entamer un nouveau cycle et de nouvelles réinventions susceptibles de lui ouvrir de nouveaux marchés. Si le comics est en pleine croissance (mais vient de loin) côté francophone, la BD n’est plus qu’une activité parmi d’autres, et en perte de vitesse, chez les géants DC et Marvel.

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