Angoubelge

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LES BELGES AURONT ÉTÉ À LA FÊTE DE CETTE 44E ÉDITION DU FESTIVAL INTERNATIONAL DE BANDE DESSINÉE, ENTRE LE GRAND PRIX, UNE EXPO REMARQUÉE ET UNE FORTE PRÉSENCE.

La Belgique reste décidément une terre féconde pour la bande dessinée: on a pu s’en rendre compte pendant trois jours à Angoulême, transformée brièvement et comme chaque année en centre du monde du Neuvième Art. Dimanche, au lendemain de l’annonce du palmarès, la foule se pressait sur le stand Wallonie-Bruxelles International qui accueille en son sein l’éditeur Frémok, particulièrement à la fête cette année. Outre le fait d’être très impliqué dans une des expos les plus frappantes de cette édition (voir par ailleurs), l’éditeur avant-gardiste basé à Bruxelles a remporté pour la première fois de son histoire et à la surprise quasi générale le Fauve d’Or du festival, avec Paysage après la bataille, l’éprouvant mais magnifique roman graphique réalisé par Eric Lambé et Philippe de Pierpont, co-édité avec Actes Sud BD. Une oeuvre peu commune de 420 pages sur le deuil d’une mère et la dévastation intérieure, tout en épure, économie de mots et approche picturale, capable de rendre palpable une douleur insondable -et qui a d’ailleurs fait de l’ombre à une autre douleur exprimée en BD, celle de Catherine Meurisse et de sa formidable Légèreté, grande oubliée du palmarès. Un palmarès et un festival pourtant, cette fois, épargnés par les polémiques, malgré le peu d’auteures présentes une nouvelle fois dans la liste des prix -des prix remis par un jury présidé cette année par l’irréprochable Anglaise Posy Simmonds, qu’on ne pourra donc pas taxer de sexiste.

Pour le reste, on l’a dit, il n’y en a presque eu que pour les Belges, entre la présidence et l’exposition rétrospective d’Hermann, le retour de Dupuis (absent depuis cinq ans), la présence appuyée de Gaston Lagaffe pour son soixantième anniversaire, l’inauguration d’un dessin de François Schuiten de plus de 2000 mètres carré imprimé sur métal perforé et emballant désormais le bâtiment des archives départementales, ou notre lot toujours imposant d’auteurs et d’éditeurs. Une édition du festival d’Angoulême qui laissera malgré tout un petit goût de trop peu, consensuelle dans sa programmation et ne s’enthousiasmant réellement que le temps d’une soirée BD Cul organisée par les Requins Marteaux. Et qui surtout annonce une nouvelle ère du festival, probablement marquée par une baisse conséquente de ses moyens, tant publics que privés: si une nouvelle organisation et de nouvelles finalités seront au programme de la prochaine édition, le directeur artistique du festival a d’ores et déjà prévenu qu’il faudra en réduire la voilure et peut-être s’ouvrir aux jeux vidéo… Le Suisse Cosey, lui, aura de toute façon droit à sa grande rétrospective en 2018: il a été élu par ses pairs président de la prochaine édition, devant Manu Larcenet et Chris Ware.

TEXTE Olivier Van Vaerenbergh

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