And the winner is…

Consacré par les Oscars, Moonlight suit un jeune Black de Miami en difficulté. © DR
Louis Danvers
Louis Danvers Journaliste cinéma

Belle pagaille au final d’une cérémonie qui se voulait pourtant réconciliatrice! La plus grosse bourde de toute l’histoire des Oscars -l’annonce erronée du triomphe de La La Land, rectifiée ensuite par la proclamation de Moonlight– aura in extremis causé une confusion navrante, indigne d’une édition qui se voulait par ailleurs et avant toute chose marquée du sceau de l’unité dans la diversité. Un an après les polémiques nées de l’absence de nommés afro-américains, les membres de l’Académie ont spectaculairement rectifié le tir. D’abord en consacrant Moonlight et son auteur-réalisateur Barry Jenkins. Cette chronique prenante suit un jeune Black de Miami confronté à des difficultés tant en milieu scolaire que dans sa famille. Un chemin vers l’affirmation de soi rendu plus difficile encore par l’homosexualité du héros. Adapté d’une pièce de théâtre (joliment intitulée In Moonlight Black Boys Look Blue), le film a vu sa densité humaine préférée au brio du La La Land de Damien Chazelle, qui a pu se croire vainqueur… à tort, et qui se consolera d’avoir été élu meilleur réalisateur, à 32 ans seulement. Autres artistes afro-américains à l’honneur, Viola Davis (meilleure actrice dans un second rôle pour Fences) et Mahershala Ali (meilleur acteur dans un second rôle pour Moonlight encore) méritaient bien cette reconnaissance. Denzel Washington pensait bien lui aussi s’imposer mais a vu l’Oscar du meilleur acteur lui filer sous le nez au profit de Casey Affleck, admirable dans l’émouvant Manchester by the Sea. Denzel a fait la gueule, affichant sa déception. Il avait tort. Fences n’est pas un bon film et il y signe une interprétation aux effets soulignés dans un « rôle à Oscars » trop manifestement destiné à s’offrir la fameuse statuette… Le naturel d’Emma Stone l’a par contraste portée vers l’Oscar de la meilleure actrice, un des six trophées allés à La La Land. Un palmarès globalement cohérent et de qualité certaine, sur lequel plane un parfum de scandale avec le retour des rumeurs sur Casey Affleck, soupçonné d’agression sexuelle. La twittosphère, nouveau tribunal autoproclamé, n’a pas fini de se déchaîner…

LOUIS DANVERS

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