Critique | Livres

Soul Kitchen

Marie-Danielle Racourt
Marie-Danielle Racourt Journaliste livres

ROMAN | G-Man et Rickey ont ouvert le restaurant « Alcool », très rapidement devenu un must en matière de gastronomie à La Nouvelle-Orléans. Le principe est simple: tout plat servi doit contenir une dose (souvent une overdose!) d’un alcool choisi.

DE POPPY Z. BRITE, ÉDITIONS AU DIABLE VAUVERT, TRADUIT DE L’ANGLAIS (USA) PAR MORGANE SAYSANA, 398 PAGES. ***

Soul Kitchen n’est cependant pas qu’un roman sur le « bien-manger » en Louisiane, c’est aussi, dans sa version la plus truculente, l’histoire des coulisses des cuisines de restaurants; et elles sont loin d’être nettes. Beaucoup d’argent circule dans les mains sales de bonzes qui doivent le blanchir. Ces fins de race aristocratique tirent alors les ficelles de restos qu’ils encensent ou ferment, de chefs qu’ils placent ou éliminent. L’auteure y construit les machinations les plus sordides liées à la sauce « cajun ». Lorsque Rickey décide d’engager un ancien cuistot à sa sortie de prison, il signe en quelque sorte sa propre soumission à la mafia du chantage. Milford a été incarcéré pour un meurtre qu’il n’a pas commis mais il eût été inconvenant de condamner le véritable meurtrier, l’un de ces gros bonnets de la Nouvelle-Orléans; de plus, Milford est noir et l’on sait que « tout nègre est toujours coupable ». Dans Soul Kitchen, le dernier volume d’une trilogie culinaire après Alcool et La belle rouge, les rebondissements se succèdent comme les plats servis chez Alcool. Poppy Z. Brite sonde les milieux homos des arrière-cuisines tout en égratignant au passage la gastronomie moléculaire. On salive parfois, on se sent souvent barbouillé après les giclées de friture quand elles ne sont pas de sang. Une histoire d’amour entre l’homme et la nourriture, une histoire subversive, gore à l’extrême, qui ne plaira pas nécessairement à tout le monde.

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