Sacré Bonhomme

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AVENTURE | L’auteur de « Esteban » peut tout se permettre, à commencer par ce qu’il préfère: les séries d’aventure, dites classiques et familiales. Un vrai luxe!

ESTEBAN, T4 – PRISONNIERS DU BOUT DU MONDE, DE MATTHIEU BONHOMME, ÉDITIONS DUPUIS. ***

« Oui, j’aime les récits d’aventure! C’est la BD que j’aime faire, que j’aime lire, que j’ai aimé lire. Je suis un Parisien derrière ma table de dessin; quand je dessine une case, j’ouvre une fenêtre et je pars. Je suis avide d’expériences, mais je reviens toujours à l’aventure classique. Raconter, c’est ce qui reste. Le dessin pour le dessin, c’est périssable, ce n’est qu’un véhicule. » En un mot comme en cent, ce jeune homme moderne et contemporain assume: il aime la bonne vieille BD de papa, familiale, basée sur le récit, l’aventure et les histoires au long cours. Comme Esteban, qui en est aujourd’hui à son quatrième tome, mais aussi comme Le Marquis d’Anaon avec Fabien Vehlmann ou Messire Guillaume avec Gwen De Bonneval. Matthieu fit partie de l’équipe du trop éphémère magazine Capsule Cosmique, s’est offert un roman graphique on ne peut plus moderne avec Omni-Visibilis, mais se revendique auteur « classique », visiblement heureux de raconter de belles histoires à qui voudra les lire. C’est dire s’il tient à sa série Esteban, odyssée maritime d’un jeune garçon argentin littéralement jeté à la mer -comme a failli l’être sa série, d’abord publiée chez Milan, avant de renaître chez Spirou et Dupuis (qui en réédite l’intégrale). « Le deuxième album s’achevait avec le capitaine disant à Esteban: « Fais-moi confiance! » J’y ai donc toujours cru…, s’en amuse aujourd’hui Matthieu. Cette série me tient vraiment à coeur, d’abord parce que je l’ai écrite, elle est donc plus personnelle, et aussi pour ce principe d’aventure maritime. J’ai un peu navigué, j’ai de nombreux souvenirs de lecteur, j’adore ça. Dans ce quatrième tome, ils sont à terre (l’équipage du Leviathan se retrouve dans un pénitencier, au début du XXe siècle, ndlr), mais ça reste un équipage! Ce n’est qu’une escale. Dès le prochain, ils reprendront la mer. »

Le Far west après le Cap Horn

D’ici là, Matthieu Bonhomme se fera à nouveau plaisir, avec la parution en août de son très attendu Texas Cowboys, toujours chez Dupuis, avec Lewis Trondheim au scénario: fusion cette fois accomplie entre aventure classique et concept contemporain. « Il s’agit d’un vrai western mais dans un format de roman graphique et choral: tout se passe au même endroit, quasiment au même moment, mais raconté à chaque fois d’un point de vue différent. Mais c’est de l’aventure pur jus! » Matthieu renoue ainsi, aussi, avec ses racines: « J’ai démarré par le western, par en lire, par en faire, seul ou dans l’atelier de Rossi (l’auteur de Jim Cutlass, ndlr), mais j’ai arrêté dès mon premier boulot pro. J’avais trop peur de me confronter à mes références, de ne pas sortir des poncifs. » Lewis Trondheim l’a affranchi. « Je lui ai lancé un défi, comme il m’en avait lancé un avec Omni-Visibilis, qui regroupait tout ce que je n’avais jamais fait: un roman graphique, une histoire contemporaine, urbaine, en bichromie… J’en ai bavé, mais après ça j’ai pu lui dire: « Ecris-moi un western! » »

Olivier Van Vaerenbergh

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