Critique | Livres

Noah Hawley – Le bon père: tous coupables?

Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

THRILLER | Beaucoup de polars ne posent plus la question du « qui » ou du « comment », mais surtout du « pourquoi ». La preuve par l’exemple du Bon père.

LE BON PÈRE, THRILLER DE NOAH HAWLEY, ÉDITIONS SÉRIE NOIRE GALLIMARD, 415 PAGES.

Noah Hawley - Le bon père: tous coupables?

Comment un fils devient-il un assassin? Pourquoi des adolescents, certes mal dans leur peau, se transforment-ils en tueurs en série, en assassins de masse? Pourquoi eux, et pas les autres? Quel est notre part de responsabilité dans les actes de notre chair? Pouvait-on éviter ça? La question, les questions, hantent de plus en plus nombre de romans et polars (voir ci-dessous). Le « whodunit », ou roman d’énigme, laisserait-il la place à un nouveau genre, plus glaçant encore, et qui place le « Pourquoi » avant le « Qui »? Un « Whydunit » bien de son époque, où l’incompréhension, particulièrement aux Etats-Unis, accompagne le phénomène des meurtres de masse, de plus en plus courants. Ce Bon père, premier roman du scénariste américain Noah Hawley, est en tout cas typique de ce genre, vivace à défaut d’être vraiment neuf: il déborde, au sens premier du terme, de points d’interrogation et d’atermoiements sur ce « pourquoi » qui hante de plus en plus l’Amérique et ses romans.

La vie du rhumatologue Paul Allen bascule ainsi, un jour, devant sa télé: on vient d’assassiner le sénateur Jay Seagram, candidat démocrate à l’élection présidentielle et espoir de toute une Nation. Le tireur, arrêté sur place, a été identifié sans nul doute possible. Et ce tireur est son fils: Daniel, jeune adulte sans casier, certes lunaire, mal embouché, parti sur les routes depuis des mois tel un hobo des temps modernes, mais qui n’avait jamais fait preuve de violence, de conscience politique ou de goût pour les armes.

Alors pourquoi? Les 400 pages qui suivront tournent toutes autour de cette question abyssale, évacuant tous les repères ou vraies-fausses pistes habituels du genre. La culpabilité d’un père qui n’a pas pu éviter ça, et en creux, celle d’une société qui produit en son sein ses propres assassins.

Pourquoi, en trois choix

Il faut qu’on parle de Kevin, de Lionel Shriver (Belfond)

Roman coup de poing directement inspiré par la tuerie de Columbine: Eva est la mère de Kevin, auteur d’une tuerie de masse. Sous forme épistolaire, cette mère mal aimante retrace son parcours et sa part, ou non, de responsabilité. Vertigineux.

Mon ami Dahmer, de Derf Backderf (çà et là)

Déjà évoqué et salué ici, ce formidable roman graphique et autobiographique replonge l’auteur dans sa propre adolescence, lorsqu’il était l’ami de Jeffrey Dahmer, ado coincé, avant qu’il ne devienne « le cannibale de Milwaukee », serial killer aux 17 victimes.

Dernier jour sur Terre, de David Vann (University of Georgia Press)

Last Day on Earth n’est pas encore sorti en français, mais est déjà annoncé comme le meilleur livre de l’auteur de Impurs ou Sukkwan Island: il y reviendra sur le destin de Steven Kazmierczak, universitaire qui a, en février 2008, abattu cinq personnes et blessé 21 autres avant de se suicider.

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