Muhammad Ali: The lord of the rings

© Epa

Pendant 2 décennies, Mohamed Ali a assuré le spectacle sur le ring mais aussi en dehors. Un livre percutant rend hommage à cette légende du XXe siècle qui a fait frétiller l’imagination de nombreux artistes d’hier et d’aujourd’hui.

Greatest of all time – Hommage à Muhammad Ali, éditions Taschen, 652 pages.

Il a beau avoir raccroché son jab, ses gants et son fameux short blanc Everlast il y a 30 ans, son nom reste gravé en lettres d’or dans les mémoires. Pas seulement pour ses exploits sportifs (56 victoires en 61 combats, dont 37 par KO), mais aussi pour ses prises de position politiques radicales, son sens de la répartie assassin, ses coups d’éclat, sa mégalomanie. Autant de fils qui, tissés par la machine médiatique, ont confectionné une icône en fibres ultra résistantes.

Une icône refusant de se coucher devant ses adversaires mais aussi devant une société américaine ségrégationniste dans la tête, sinon dans les lois. A la popularité que lui ont valu sa fougue, son style et sa verve, il a ajouté le soufre d’un militantisme inflammable classé X. Ce qui en a fait une sorte de héros des temps modernes, entre Che Guevara (pour la capacité à vibrer avec l’histoire) et Pelé (pour l’art du geste parfait). Ce Robin des bois frimeur et libre, capable à lui seul de provoquer l’orgasme d’un Madison Square Garden, allait logiquement faire fantasmer les artistes. Au premier rang desquels Dylan et Warhol.

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Il est encore régulièrement embrigadé par des représentants de la nouvelle génération qui, vu leur jeune âge, ne l’ont jamais vu en live sur le terrain d’opération en train de « voler comme le papillon et piquer comme l’abeille ». Dans le livret qui accompagne son album de pop-soul psychédélique, The Archandroid, Janelle Monae le cite ainsi parmi ses références. Sur scène, l’ombre du boxeur plane d’ailleurs sur le monde rétro-futuriste dans lequel elle projette ses chansons hallucinogènes. Le message est clair: à la force de ses poignets et de son refus de rester à sa place, Ali a cassé ses chaînes. Pour ne rien gâcher, le gosse de Louisville attrapait la lumière comme personne. Les plus grands photographes, de William Klein à Annie Leibovitz, se sont ainsi penchés sur son cas, tentant de saisir dans la pâte argentique la trace de cette animalité mâtinée d’élégance.

Il y a quelques années, Taschen dressait un portrait à la démesure du personnage avec un livre poids lourds (34 kilos!) regorgeant de photos sublimes (en particulier celles de Neil Leifer) et de textes lumineux (normal, des écrivains comme Norman Mailer sont du lot). La version plus « accessible » de ce monument (quelques kilos sur la balance et 100 biftons quand même) sort aujourd’hui. Ali en long et en large dont il ressort que le champion cumulait au moins 4 personnages en un. Que nous épinglons ici en autant d’arrêts sur image -tirés du livre ou d’ailleurs- qui laissent KO debout.

Laurent Raphaël

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