Meurtre et lutte des classes dans les Highlands au programme du Man Booker Prize

Le romancier écossais Graeme Macrae Burnet © @GMacraeBurnet/Twitter
FocusVif.be Rédaction en ligne

Avec « His Bloody Project », le romancier écossais Graeme Macrae Burnet plonge dans les Highlands au XIXe siècle avec un récit mêlant meurtre et lutte des classes qui pourrait lui valoir le prestigieux Man Booker Prize, qui sera décerné mardi à Londres.

En attendant, le livre a déjà battu ses cinq concurrents en termes de ventes. « L’un des effets secondaires d’être sélectionné pour le Man Booker Prize, c’est l’intérêt que cela crée à l’étranger », souligne M. Burnet dans un entretien à l’AFP.

Le Man Booker Prize, décerné au meilleur roman original en langue anglaise, est en effet une des récompenses littéraires les plus prestigieuses au monde, qui garantit au gagnant une explosion des ventes et un lectorat mondial.

Le prix est ouvert depuis 2014 aux auteurs issus de l’ensemble du monde anglophone, alors qu’il était jusqu’en 2013 réservé aux romanciers britanniques, irlandais et aux ressortissants du Commonwealth.

En 2015, Marlon James avait été le premier auteur jamaïcain à le remporter pour « A Brief History of Seven Killings » (« Brève histoire de sept meurtres »), un roman qui décrit comment Bob Marley et son équipe se sont faits agresser juste avant un concert en 1976.

Quant à Graeme Macrae Burnet, il dépeint à travers une histoire de meurtre « la pauvreté de la petite communauté rurale de Culduie dans les Highlands écossaises » du XIXe siècle dominées par une puissante aristocratie terrienne, selon la présentation du jury.

« L’idée de départ, à laquelle j’ai pensée pendant 30 ans, vient de l’affaire Pierre Rivière, un paysan français du XIXe siècle qui a tué trois membres de sa propre famille avant d’écrire un compte-rendu plutôt éloquent de ce qu’il a fait », explique M. Burnet à propos de son second roman.

‘Atmosphère oppressante’

Alors que son livre profite déjà d’un éclairage significatif, l’auteur se demande comment le livre sera reçu à l’étranger.

« Le roman est maintenant sorti dans le monde, mais quand vous écrivez un livre vous n’y pensez pas », dit-il. « Tout ce que vous essayez de faire, c’est de créer des personnages aussi authentiques et détaillés que possible ».

Un journaliste chinois, raconte M. Burnet, lui a confié que « l’atmosphère oppressante » du livre rappelait la Chine de Mao Tsé-toung.

« Cette espèce de notion kafkaïenne de l’usage arbitraire du pouvoir et des règles transparaît très clairement dans +His Bloody Project+ », reconnaît très volontiers M. Burnet, qui se dit également influencé par l’écrivain belge Georges Simenon.

Parmi les autres favoris des bookmakers pour le Booker Prize figure la Britannique Deborah Levy, sélectionnée pour « Hot Milk », une plongée dans une relation mère-fille intense sur fond de maladie au coeur d’un petit village espagnol de pêcheurs.

La Canadienne Madeleine Thien a également ses chances avec « Do Not Say We Have Nothing », un livre sur la musique classique pendant la révolution culturelle en Chine.

Les trois autres finalistes sont le Canado-Britannique David Szalay, auteur d’un portrait de la masculinité dans « All That Man Is », l’Américain Paul Beatty pour « The Sellout » (« Moi contre les Etats-Unis d’Amérique »), une satire de la vie urbaine américaine, et Ottessa Moshfegh pour son premier roman « Eileen », publié en janvier en France.

Le livre de cette Américaine de 35 ans relate les souvenirs d’une vieille femme qui se remémore, avec un cynisme minutieux, la semaine qui a fait basculer sa vie 50 ans plus tôt.

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