Les Effondrés ou le style épuisant de Mathieu Larnaudie

Mathieu Larnaudie déploie des phrases kilométriques dans son roman Les Effondrés. © Baptiste Erpicum
Stagiaire Le Vif

Trois ans après sa première parution, Les Effondrés, le roman de Mathieu Larnaudie qui revient sur la crise économique mais surtout idéologique qu’a subie le monde capitaliste, sort en poche dans la collection Babel. Réservé aux lecteurs qui ont du souffle.

En vingt-quatre chapitres, tels vingt-quatre heures d’une journée interminable, Mathieu Larnaudie revient sur la crise de 2007 sans s’attarder sur ses causes, notamment la bulle immobilière aux États-Unis et les pertes importantes des établissements financiers, dressant plutôt un monument littéraire (et funéraire) qui consacre l’échec de l’idéologie libérale comme sa principale conséquence; c’est-à-dire qu’au long de périphrases sans fin, l’auteur met en scène les ressorts affectifs qui s’actionnent lors du passage d’une croyance absolue au doute absolu, en l’occurrence, la perte de confiance en la toute-puissance de la main invisible -l’idée que les actions guidées par l’intérêt personnel puissent contribuer à la richesse et au bien-être de tous- jusqu’au blâme de l’égoïsme et de l’audace, les armes de spéculation massive, que brandissaient jusqu’alors les acteurs du monde économico-politique (jamais cités, mais que l’on reconnaît en la personne de Sarkozy, « tribun à talonnettes reconverti en moraliste de pupitre« , d’Angela Merkel, de son quasi-homonyme, Adolf Merckle qui se coula sur des rails pour qu’un train le trucidât, d’Alan Greenspan, ancien président de la Réserve fédérale des États-Unis, de Bernad Madoff « à la mâchoire ovale et molle comme celles que l’on voit à certains rongeurs » qui s’érige en bouc émissaire de la débâcle capitaliste…) et un personnage fictif, un milliardaire boiteux échoué en Suisse, qui traverse, comme un fantôme, ce récit sous forme de blocs de sensations qui cristallisent l’événement que constitue l’effondrement d’un modèle économique auto constitué et auto référencé, par des phrases kilométriques, aux algorithmes complexes, qui, malgré l’originalité et la pertinence de la démarche du codirecteur de la revue et des éditions Inculte, rendent ce roman aussi long qu’un jour sans pain, aussi épuisant à lire que cette critique sans point(.)

Baptiste Erpicum

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content