Critique | Livres

[Le livre de la semaine] Le Condor, de Stig Holmås

Stig Holmås © DR
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

Roman extrêmement noir mais surtout porté par une narration rare, éclatée et effectivement très poétique, Le Condor est le seul roman du Norvégien Stig Holmås à nous être parvenu.

[Le livre de la semaine] Le Condor, de Stig Holmås

William Malcolm Openshaw possède plusieurs vies, comme le roman, aussi noir que magnifique, qui décrit sa trajectoire, ou plutôt son errance: enfant de Birmingham, poète, intellectuel, amoureux des oiseaux, William est aussi un braqueur de banques, un tueur, un alcoolique et un demi-fou, qui erre aux quatre coins de la planète, hanté par ses tragédies et ses terribles secrets. Une rencontre à Lisbonne va faire remonter tous les souvenirs de ce personnage réellement hors normes, de ses traumatismes d’enfant à son premier amour, en passant par les erreurs et trahisons qui l’ont amené ici, et pas très loin de ses premiers poèmes. Dont Le Condor, un poème « sur la civilisation. Mais surtout sur la solitude, sur le condor qui voit tout de l’extérieur mais qui, en même temps, comprend que son espèce est en voie de disparition. Et, au milieu de cela, la force, la force que peut conférer la solitude. »

Roman extrêmement noir mais surtout porté par une narration rare, éclatée et effectivement très poétique, Le Condor est le seul roman du Norvégien Stig Holmås à nous être parvenu, mais déjà par trois fois: publié une première fois en 1991 à la Série Noire, il fut déjà réédité en 97. Le revoilà, sans une ride, et avec une écriture et des univers qui ne sont pas sans rappeler ceux de Robin Cook, de Jim Thompson voire de Marc Behm, pour leur extrême liberté, très éloignée des conventions, et leur capacité, finalement rare, à emporter l’empathie et l’émotion du lecteur. Le sang et l’horreur côtoient ici la beauté des champs de haricots et l’odeur des coquelicots, dans un récit à conseiller chaudement à ceux qui aiment les romans noirs ET l’écriture.

DE STIG HOLMåS, TRADUIT DU NORVÉGIEN PAR ALAIN GNAEDIG, ÉDITIONS SONATINE, 224 PAGES. ****(*)

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