Critique | Livres

Le livre de la semaine: Balade entre les tombes, de Lawrence Block

Lawrence Block © DR
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

La Série Noire réédite Balade entre les tombes, mais annonce surtout des inédits et peut-être enfin un peu d’unité éditoriale autour de Lawrence Block.

Le livre de la semaine: Balade entre les tombes, de Lawrence Block

Autant l’écrire tout de suite: la carrière en français dans le texte de l’Américain Lawrence Block ressemblait jusqu’ici à un sacré bordel. Auteur fétiche si pas culte aux USA, avec bientôt 60 ans de carrière et encore plus de polars au compteur, Block est devenu une star dans les années 70, en renouvelant complètement le genre, à l’instar d’un Elmore Léonard ou d’un Donald Westlake, eux-mêmes dans le sillon d’un Ed McBain. Ce, en imposant de nouveaux codes qui font toujours loi aujourd’hui, via une écriture sèche et faussement « simple » au service d’un anti-héros, flic ou ex-flic, souvent alcoolique mais surtout récurrent et non dénué d’humour, même dans les situations les plus sordides ou violentes. En français, il a fallu attendre la fin des années 80 pour découvrir le romancier, et surtout s’accrocher pour le suivre: les romans de Block n’ont pas arrêté de voyager d’un éditeur à l’autre, et ses séries récurrentes d’être charcutées au passage, telles celles de Matt Scudder, avec 18 titres existants éparpillés chez trois éditeurs différents! Une gabegie, qui semble enfin prendre fin avec cette réédition à la Série Noire du dixième tome de l’ensemble, écrit en 1992. Une réédition surtout opportuniste –l’adaptation ciné, avec Liam Neeson, est sortie au même moment- mais qui sera suivie d’inédits -au moins deux dès 2016. D’ici là, ce Balade entre les tombes suffit à (re)donner le goût de cet auteur devenu classique.

Matt ou Bernie?

Matt Scudder avait arrêté de boire à la fin de Huit millions de façons de mourir (lui aussi adapté au ciné il y a presque 30 ans); dans cette Balade, l’ex-flic devenu privé sans licence continue de suivre religieusement ses réunions de AA tout en résolvant de sales affaires, en l’occurrence le kidnapping et le meurtre sauvage de la femme d’un trafiquant, retrouvée dans un seul coffre de voiture, mais en 30 petits morceaux. Une enquête qui commence à faire son âge -l’intrigue se dénoue autour de l’utilisation de cabines téléphoniques- mais dont New York est comme toujours l’autre personnage central, et passionnant. Si votre serviteur garde une petite préférence pour la série mettant en scène le libraire-cambrioleur Bernie Rhodenbarr (onze titres au compteur, eux aussi éparpillés), plus franchement amusée que cette Balade crépusculaire, cette fausse nouveauté reste néanmoins à lire par tous les amateurs de polars US. On ne sait pas encore quels futurs titres la Série Noire compte publier (il reste des inédits en français entre autres dans sa série Bernie, et Block continue de produire, du haut de ses 75 ans), on sait par contre d’ores et déjà qu’on en sera client.

  • POLAR DE LAWRENCE BLOCK, ÉDITIONS SÉRIE NOIRE GALLIMARD, TRADUIT DE L’ANGLAIS (USA) PAR MONA DE PRACONTAL, 375 PAGES.

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