Critique | Livres

Laurent Schweizer – Solarsystem

Marie-Danielle Racourt
Marie-Danielle Racourt Journaliste livres

ROMAN | Geeks de tous pays, réveillez-vous: Laurent Schweizer a frappé fort.

Laurent Schweizer - Solarsystem

Engagé depuis 18 mois par l’Etat-major de Creech, Nevada, le narrateur du roman est chargé par la CIA de s’introduire dans un système de jeux de rôles piraté par un acteur célèbre. FINALWAR est un jeu sophistiqué et dangereux qu’il faut à tout prix détruire car la mort y est reine. Destiné aux adolescents accros pour qui tuer « virtuellement » est « une fête sans cesse recommencée », le jeu transforme ces anges en bêtes de combat. La mission du narrateur consiste à tester et booster la capacité de violence des joueurs -les warriors- afin qu’ils se retournent contre leur maître, lors de l’apocalypse finale. Très rapidement, les jeux confondent virtuel et réalité dans l’élimination d’une cible désignée, selon les principes: « No fear, no pity, no pain. » « Etre fort. Etre dur. Devenir plus agressif » est la ligne de conduite d’une société en perdition où les maîtres forment les ados pour faire d’eux « des forcenés, profanateurs du monde, destructeurs de la Défense américaine ». Ces warriors ont un compte à régler avec un parent, un supérieur et il leur est dès lors facile de devenir des bourreaux-démiurges persuadés de l’implacabilité de leur mission « Eagle claws »: « Assassiner pour entrer en contact et communier avec les objets de haine. » Haletant, à la limite du soutenable dans ses glissements faciles entre réel et virtuel, parfois véritablement révulsif tant la violence et la perversion y sont extrêmes, ce roman sera particulièrement apprécié par les jeunes dont c’est l’univers. Les autres formuleront des mantras pour se protéger de ces rapaces assoiffés de sang.

SOLARSYSTEM, ROMAN DE LAURENT SCHWEIZER, ÉDITIONS DU SEUIL, 187 PAGES.

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