Critique | Livres

La sixième vie du Lapin de l’Association

© L'Association
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

La revue historique de l’Association revient, comme toujours, dans une nouvelle formule: un Mon Lapin Quotidien trimestriel comme son nom ne l’indique pas.

Si le lapin est comme le chat et possède sept vies, il lui en restera encore une à vivre après celle-ci: Mon Lapin Quotidien, dévoilé par l’Association à l’occasion du dernier festival d’Angoulême est en effet, et déjà!, la sixième mouture en 25 ans de la revue Lapin, la plus belle des vitrines de l’exigeante maison d’édition française. La plus belle, mais donc aussi la plus fragile.

La première fois, c’était en 1992. Les fondateurs de l’Association, à savoir, et excusez du peu, David B., Lewis Trondheim, Mattt Konture, Stanislas, JC Menu, Killoffer et Mokeït, avaient besoin d’une revue pour publier régulièrement leurs oeuvres, en dehors de tout format préétabli ou de toute politique de prépublication. Ce sera Lapin, déjà changeant: passant de 92 à 140 pages, avec une périodicité d’abord semestrielle, puis « bioutriannuelle » et finalement trimestrielle, cette première version s’arrêtera en 1999, après 25 numéros. La deuxième formule lancée en 2001 connaîtra elle sept numéros au format comics. La troisième vague de Lapin, entamée en novembre 2002, n’aura que trois numéros, sans date de parution ni pagination régulière. La quatrième version deviendra à nouveau trimestrielle. Et on pensait tenir un semblant de stabilité avec la cinquième version de Lapin en 2013, quand la revue re-re-re-re-renaît sous le nom de Mon Lapin, et sous la forme d’un mensuel, mené chaque fois, bonne idée a priori pérenne, par un rédacteur en chef différent, aux mains très libres. On avait tort: ce Mon Lapin -là n’aura lui aussi tenu que neuf numéros… Mon Lapin est mort, vive donc Mon Lapin Quotidien. Soit la même chose, mais en beaucoup plus grand.

Grand format, petites habitudes

Si ce nouveau Lapin ne compte que douze pages, chacune d’entre elles mesure 58 centimètres de haut sur 41 de large. Soit largement de quoi y placer, en noir et blanc, d’innombrables auteurs -on en a compté une trentaine, de José Parrondo à Trondheim, en passant par Lisa Mandel, Muzo et François Ayroles. Soit les habitués de la maison, accompagnés de nouveaux venus comme la plasticienne Clémentine Mélois, le philosophe Pacôme Thiellement ou le journaliste Denis Robert, tous en roue libre. Dirigé (pour cette première?) par les autres historiques que sont Duhoo et Killoffer, ce Mon Lapin qui n’aura de Quotidien que le format impose son évidente liberté, sa haute tenue esthétique et son humour décalé. On s’étonne, par contre, qu’ils soient si peu à réellement jouer avec le format mis à leur disposition. Là où tous choisissent le cartoon, le strip ou le petit texte, seul Max Andersson use à fond d’une double page pour… prépublier son prochain album à L’Association. Pas sûr que ce Lapin survivra plus longtemps que tous les autres.

MON LAPIN QUOTIDIEN N°1, COLLECTIF, ÉDITIONS L’ASSOCIATION, 12 PAGES. ***(*)

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