Critique | Livres

La nuit pacifique

Marie-Danielle Racourt
Marie-Danielle Racourt Journaliste livres

ROMAN | Déjà dans Hôtel Argentina, paru en 2011, Pierre Stasse brossait la vision manichéenne d’une ville déchirée entre ses coins grouillants et visqueux et ses quartiers riches et aérés.

Dans ce roman, il était aussi question d’un personnage féminin évanescent et énigmatique, d’un protagoniste qui traîne derrière lui un secret inavoué dont la vérité éclate à la fin du roman. Nous retrouvons le même canevas dans La nuit pacifique, seul le lieu diffère: nous passons de Buenos Aires à Bangkok.

Mais, malgré ces récurrences, Stasse tient son lecteur en haleine. On a envie de connaître les dessous cachés des affiches publicitaires, voire électorales, dont le photographe Hadrien Verneuil est chargé d’assurer les retouches en négligeant ce que l’éthique impose. Comprendre cette Thaïlande qui recèle tant de non-dits, soumise à des corruptions odieuses, livrée à l’arbitraire des militaires ou de la police et pourtant, messagère de tant de phantasmes. Les paysages glauques, le climat cataclysmique sont au diapason des personnages cupides au passé trouble, à l’avenir intéressé, noyés dans l’alcool et la drogue. Dans cette contrée écrasée par le prestige du Roi, il est difficile pour les personnages d’apprivoiser la réalité car le pays a dû s’inventer une « nouvelle identité nationale » après un pouvoir communiste et un Islam jugé inférieur par une majorité bouddhiste. Ce roman semblera envoûtant à ceux qui ne connaissent pas Pierre Stasse, un peu décevant pour les autres.

ROMAN DE PIERRE STASSE, ÉDITIONS FLAMMARION, 251 PAGES. **

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