L’Apocalypse selon JC

© Belga
Olivier Van Vaerenbergh
Olivier Van Vaerenbergh Journaliste livres & BD

Nouveau départ pour l’éditeur BD Jean-Christophe Menu. Après L’Association, L’Apocalypse entend poursuivre « l’érosion progressive des frontières ».

Jean-Christophe Menu ne sera pas resté inactif très longtemps après sa tonitruante éviction, l’année dernière, des sphères de L’Association, la fameuse et parfois fabuleuse structure éditoriale qu’il avait lui-même fondée en 1990. Après avoir obtenu son doctorat en Art et sciences des arts, avec une thèse baptisée La bande dessinée et son double, JC Menu remet déjà le couvert avec une nouvelle structure, baptisée cette fois L’Apocalypse. Trois titres prévus en septembre, deux en octobre: l’éditeur, pas encore redevenu dessinateur, repart au combat contre les conservatismes de la bande dessinée, plus apaisé peut-être que par le passé. Jean-Christophe Menu le précise lui-même d’emblée: « L’Apocalypse est évidemment à entendre dans le sens de Résurrection, de Révélation et de Nouveau Cycle plutôt que de Fin du Monde. »

Trois titres donc, pour ce mois de septembre chez ce nouvel éditeur, qui entend non seulement défendre « le dessin narratif et la bande dessinée littéraire, expérimentale et intime », mais aussi « le dessin, le texte, la musique et quoi voudra », avec à moyen terme son lot d’objets hybrides (pochettes de vinyles, livres sur la musique, etc). Trois livres qui prouvent déjà que JC Menu ne quittera pas le sillon qui est le sien depuis maintenant 30 ans et sa première structure, l’Aanal (pour « Association pour l’apologie du neuvième art libre »): des bandes dessinées le plus souvent autobiographiques (comme ce Susceptible de la Québécoise Geneviève Castrée), des livres expérimentaux (comme cette Montagne de Sucre de Sandrine Martin, composée d’un seul dessin par page, sans continuité apparente) et des artistes qui aiment à mélanger les moyens d’expression (comme Roland Topor qui a l’honneur ici d’un recueil d’aphorismes, pas neuf mais depuis longtemps épuisé).

Retour aux sources

Une nouvelle aventure éditoriale, modeste pour le moment, qui résonne donc comme un retour aux sources pour ce cheval fou de la BD, plus encore qu’on ne le pense: « L’Apocalypse » fut le premier nom donné au « Labo », structure qui au début des années 90 allait se transformer en… L’Association. On y trouvait déjà David B., Killofer, Lewis Trondheim… Les mêmes qui, 20 ans plus tard, allaient évincer JC Menu du comité de rédaction, après des années de conflits larvés et une grève des salariés en plein festival d’Angoulême, dont Menu ne se relèvera pas. A bientôt 50 ans, Menu semble donc n’avoir rien perdu de son énergie et de ses envies éditoriales, apparemment affranchies des soucis financiers (Futuropolis, son éditeur originel et partenaire de toujours, fait à nouveau partie de l’aventure). On le sent pour l’instant modeste et humble, avec un début de catalogue qui ne fera de l’ombre à personne. Mais comptons sur lui pour nous surprendre et faire avancer le schmilblick. Une fois de plus.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content