L’actu brûle les planches

ACTU | Reportages, économie, politique internationale: la bande dessinée traite désormais de tous les sujets d’actu. Et donne un coup de fraîcheur à une info qu’on dit en crise.

L’affaire des affaires (T.3), de Robert Denis et Laurent Astier, éditions Dargaud. ****

Tchernobyl-La Zone, de Natache Bustos et Francisco Sanchez, éditions Des Ronds dans l’O. **

Comment comprendre Israël en 60 jours (ou moins), de Sarah Glidden, éditions Steinkis. ***

Soyons honnête 2 secondes (personne ne regarde): qui a vraiment suivi l’affaire Clearstream, énorme scandale politico-économico-judiciaire français? Qui s’est vraiment informé sur les conséquences à long terme d’un accident nucléaire, 6 mois après Fukushima, 25 ans après Tchernobyl? Et qui lit encore, en profondeur, les analyses sur les ressorts du conflit israélo-palestinien, pourtant omniprésent? Nous sommes d’accord: à l’heure où les nouveaux médias font la nique à la presse, profondément en crise et en perte de lecteurs, rares sont ceux qui font encore l’effort de lire de longs « papiers » sur des sujets pas très sexys. Et il faut se lever tôt pour trouver sur le Net, Facebook et autre Twitter des sujets de fond, plus longs qu’une vidéo virale de 1 à 2 minutes. Dans ce triste paysage, il existe pourtant un medium qui arrive à marier information et divertissement: la BD. Plus une semaine ne s’écoule sans qu’un album ancré dans l’actualité vienne nous aider à décoder l’époque.

Tous les styles

Trois BD trônent ainsi pour l’instant en têtes de gondole. Trois livres très différents, tant sur la forme que sur les formats, pas tous exempts de défauts, mais tous informatifs en plus d’être plaisants. On se croirait revenu au temps de L’Oncle Paul, conservatisme et rides en moins! La palme revient à 2 presque vieux routiers du genre: Laurent Astier et Denis Robert en sont déjà au 3e tome de leur Affaire des Affaires. Soit une plongée au plus près de Clearstream, et pour cause: le journaliste Denis Robert fut au coeur du scandale, d’abord en le dénonçant, ensuite en devant se défendre devant tous les tribunaux de France. Ici, il relate le tout avec quelques années de recul et, surtout, la force graphique de Laurent Astier, impressionnant de facilités sur un sujet a priori pas du tout visuel. Moins bluffante sur la forme, Tchernobyl-La Zone nous ramène à Pripiat, que les Espagnols Natacha Bustos et Francisco Sanchez ont parcourue pour nourrir leur livre. Pripiat? La ville qui jouxte Tchernobyl, sur des terres déclarées inhabitables pendant… 64 000 ans. Les auteurs en tirent un récit édifiant et bourré d’infos, malgré leur choix, discutable, de passer par la fiction. L’Américaine Sarah Glidden a au contraire choisi la pure autobio et le roman graphique à la narration plus carrée (3 strips, 9 cases, sur 200 pages) pour raconter « son » Israël, découvert à 30 ans à l’occasion d’un séjour organisé sur place pour les jeunes Juifs étrangers. Elle l’abordait avec méfiance, presque rejet. Elle en est revenue avec des minicomics qui ont affolé la Toile, avant de donner corps à ce Comment comprendre Israël. Qu’on appréhende effectivement un peu mieux après l’avoir lu.

Olivier Van Vaerenbergh

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