Critique | Livres

Ken Loach développe son esthétique de la résistance

Ken Loach © DR
Stagiaire Le Vif

Dans « Défier le récit des puissants« , un petit opus de 41 pages, le réalisateur britannique expose sa vision du cinéma, de l’artistique au logistique, à l’encontre des films hollywoodiens « parfaits » et formatés. À travers ses oeuvres, il appelle à la résistance et à la lutte contre les oppressions.

Voici un petit ouvrage à mettre entre les mains de tout étudiant en cinéma, simple cinéphile ou toute personne sensible et révoltée. Le réalisateur britannique Ken Loach signe un manifeste « pour construire une société équitable et plus juste ». Ses combats politiques sont intrinsèquement liés à ses oeuvres cinématographiques.

De cette lecture se dégagent une humilité et une détermination. Lui qui a été ovationné, récompensé, primé dans les plus grands festivals de cinéma internationaux. Mais qui a été aussi critiqué, censuré, précarisé notamment sous l’ère Thatcher. Le cinéaste s’emploie à briser le récit des élites et des puissants. Une mission d’abord ancrée chez le citoyen responsable ; celle de lutter tous les jours contre toutes les injustices.

À travers le 7e art, comme formidable vecteur, il réussit à marier des causes et des conflits lointains dont, finalement, les enjeux sont les mêmes. A commencer par ceux, entre le Royaume-Uni et l’Irlande, qu’il connaît bien et qui font échos avec le conflit Israélo-palestinien, tragiquement (encore) sous les feux de l’actualité. L’artiste engagé avait d’ailleurs répondu favorablement à l’appel du tribunal Russel sur la Palestine. Cet état d’âme s’inscrit en trois mots : créer du désordre, auquel se greffe le slogan « agiter, éduquer, organiser ». Ou comment bousculer nos idéaux, notre confort.

Le récit de Ken Loach est un plaidoyer franc et sincère. Séquencé, le discours expose les raisons pour lesquels il vaut mieux par exemple filmer un acteur de loin que de trop près, ainsi lui permettre de se révéler. Ken dispose des clés qui en font son esthétisme de la résistance. Ainsi, il s’insurge contre la production de films actuels, qui, selon lui, sont faits pour convenir en premier lieu aux producteurs et aux investisseurs.

Incontestablement pour Ken Loach, la culture a un rôle politique majeur et peut être un rempart au capitalisme débridé et sans complexe. Ouvrir le débat et donner à réfléchir. Éviter qu’on saute avec le système dans le même précipice. Lucide, il dresse un constat sombre du monde qui nous entoure, mais encourage tout un chacun à agir et à lutter pour le bien de la collectivité.

Défier le récit des puissants, Ken Loach avec la collaboration de Frank Barat. Indigène éditions.

Le nouveau film de Ken Loach, Jimmy’s Hall, sort en Belgique le 27 août.

Réda Bennani (St.)

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